Cette
année, je pensais y échapper. La corvée de l'achat de chaussures à
la rentrée ne serait pas pour moi ! J'avais acheté des bottes et
des babies à Petite Chouette pendant les soldes début juillet. En
pensant naïvement qu'elle les mettrait à la rentrée.
Mouahhhahaha
! Cette fourbe enfant n'a pas pris une pointure mais deux pendant les
vacances ! Enfin, ça dépend des chaussures... Parce que les bottes
en 29 lui vont parfaitement, alors qu'elle hurle dès qu'on essaie de
lui enfiler les babies... (portées cinq fois, nickel et en vente sur
Le bon coin si ça intéresse quelqu'un...).
Donc
direction le magasin de chaussures. Avec une petite variante par
rapport à mon expérience habituelle (que vous pouvez relire ici)
: Petite Chouette a décidé d'être pénible AVANT d'aller au
magasin. Il a fallu deux tentatives à une semaine d'intervalle pour
qu'on arrive à y aller (oui, parce qu'au bout d'une demi-heure
à demander, supplier, menacer pour que sa majesté daigne monter
dans la voiture, je craque : on n'y va plus).
Etonnamment,
tout s'est plutôt bien passé. Si l'on excepte les "petits
tours" dans le magasin pour vérifier que les chaussures sont
confortables.
C'est
ensuite que ça c'est gâté. " Maman, on joue aux terroristes ?
" a claironné l'enfant. " Chut ! Non, pas là Petite
Chouette ".
Bon,
il faut que je vous explique avant d'être fichée S. La fille
d'une amie a été traumatisée par l'exercice anti-terrorisme fait à
l'école.Vous n'êtes pas au courant
? Je vous mets l'article, ça vaut le coup (cf le site gouvernemental
http://www.education.gouv.fr) :
Un
exercice de type attentat-intrusion :
Le
contexte de menace terroriste a introduit une nouvelle posture dans
le PPMS : s’échapper / se cacher-s’enfermer.
Toute
l’école n’a pas la même conduite à tenir puisqu’elle dépend
de la situation vécue : une partie peut s’échapper, l’autre se
cacher-s’enfermer.
Vous
êtes informés de la date et des conditions de mise en œuvre de ce
type d’exercice. Le conseil d’école permet d’impliquer vos
parents délégués.
Cet
exercice a été préparé par le directeur d’école et son équipe.
Le terme « d’attentat-intrusion » n’est utilisé que par les
adultes.
Avant
le CP, il n’est pas nécessaire d’expliciter auprès des enfants
les raisons de l’organisation de l’exercice attentat-intrusion.
L’objectif
est d’aboutir, par des exercices répétés et progressifs, à une
posture adéquate dans le cadre de cet exercice, en veillant à
éviter, dans les exercices de préparation, tout scénario
anxiogène.
S’échapper
à l’extérieur de l’école avec des enfants jeunes nécessite
par ailleurs une réflexion à part et en lien avec les
correspondants police ou gendarmerie « sécurité de l’école », et le
référent sûreté de l'éducation nationale.
Donc
cette presque jeune fille de dix ans, que nous appellerons Grande Renarde pour préserver son anonymat, a
fait l'exercice à l'école. On les a fait cacher sous les tables.
Ils ont attendu. En silence. Et puis ils ont entendu des pas dans le
couloir. Le terroriste !!! En vrai, non, c'était la directrice qui se
promenait. Trop drôle !!! Sauf que Grande Renarde, ça lui a fait
peur. Très peur.
Quand sa maman m'a raconté cette histoire, j'ai décidé d'en parler aux Minis-Chouettes. Histoire de préparer le terrain. Pour qu'elles ne soient pas traumatisées. Hum.
Elles
ont bien compris le concept. Grande Chouette s'est bouché les
oreilles en suppliant " On ne parle pas de ça ". Petite
Chouette a demandé : " Comment on reconnait un terroriste ? "
Ca
les a marquées. Même si elles n'ont pas encore fait l'exercice à
l'école. Et voilà pourquoi Petite Chouette a parlé de terroriste
en plein magasin. Elle a essayé une autre paire de chaussures et est
partie faire son petit tour d'essai. Moi, comme d'habitude, je suis
partie à sa recherche. Sauf que là je ne l'ai pas retrouvée. J'ai
fait deux fois le tour du magasin. Je l'ai appelée. En désespoir
de cause j'ai demandé de l'aide à une vendeuse. On en était à
crier toutes les deux à l'unisson, quand soudain, la gentille dame
me dit : " Ah, je crois que je sais où elle est. J'entends des
boîtes qui tombent ! Elle a du se cacher dans les étalages. "
C'est là que tu te demandes pourquoi tu as dit que c'était ton
enfant...
La
vendeuse avait raison. En arrivant au fond du magasin, on a aperçu
Petite Chouette qui sortait en rampant et en bousculant toutes les
boîtes. " J'étais bien cachée hein Maman ? Les terroristes ne
m'auraient pas trouvée ! " " Oui, super Petite Chouette !
" La dame nous regardait d'un air ahuri. Je lui ai expliqué
l'exercice prévu à l'école. Elle a trouvé scandaleux que
l'institutrice soit aussi peu pédagogue, et qu'une petite fille de
cinq ans en soit aussi perturbée. Je n'ai pas osé lui dire que
l'exercice n'avait pas encore eu lieu et que c'était moi qui en
avait parlé à Petite Chouette...
Alors
voilà, soit je ne leur disais rien, elles risquaient d'être
choquées, et moi je me serais sentie une mauvaise mère. Soit je
leur expliquais tout moi-même (avec le Hibou) et on pouvait en
discuter en famille. Ce qui me semblait mieux. Sauf qu'en sortant du
magasin, j'avais de sérieux doutes et je me sentais assez nulle...
Je
pensais aussi à un détail. Vous avez noté dans le texte
gouvernemental, comme on protège les enfants : " Avant le
CP, il n’est pas nécessaire d’expliciter auprès des enfants les
raisons de l’organisation de l’exercice attentat-intrusion."
J'ai trouvé ça idiot, étant donné que Petite Chouette saurait
bien la vérité par sa soeur. Donc je n'ai pas édulcoré. Je vois
déjà le tableau quand l'instit va leur dire : " On va faire un
jeu : on va tous se cacher sous les tables en silence à mon signal !
" Vous avez deviné qui va hurler : " Chouette, on joue aux
terroristes ! " C'est la mienne.
Je
vous laisse, il faut que je prépare mon argumentaire pour la
maîtresse...
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