Quand j'étais étudiante, j'ai passé
deux étés à travailler comme caissière (maintenant on dit hôtesse
de caisse, c'est plus classe. Toujours aussi mal payé, mais plus
classe). On avait eu droit à une courte formation, pendant laquelle
j'avais découvert un terme barbare : " la démarque inconnue ".
Vous connaissez ?
La démarque inconnue, c'est le terme
utilisé pour désigner la différence entre le stock de produits théoriquement en rayons, et ce qui est vraiment comptabilisé pendant les inventaires. En gros, ce sont des produits qui ne sont pas vendus, mais qui disparaissent
mystérieusement du magasin.
Enfin, mystérieusement... On a quand
même une idée de ce qu'il se passe (contrairement au sort des
chaussettes orphelines pour qui le mystère reste entier). Une grosse
partie de ce manque à gagner vient du vol : que ce soit par le
personnel (j'ai connu un vigile de nuit qui se vantait de faire
sortir du matériel) ou par les clients.
J'avais été étonnée que le
personnel se serve dans les rayons (leur salaire mirobolant ne leur
suffisait donc pas ? ). Un peu moins concernant la clientèle. Entre
les nécessiteux, les frimeurs et les kleptomanes, cela se tenait.
Mais aujourd'hui, je viens de découvrir
une nouvelle cause à ce fléau : le vol par inadvertance, aussi
appelé syndrome de la chouette tête en l'air (je tiens tout de
suite à préciser que ça n'a rien à voir avec moi).
Prenons l'exemple d'une jeune femme qui
va faire ses courses. Elle remplit son caddie, tente de
rationaliser le tout en mettant les fruits et les chips à l'écart
des boites plus lourdes qui pourraient les abimer. Et tiens, ce pack
de Coca, il serait bien dans le petit siège enfant du chariot ;
même pas besoin de se baisser pour le poser dans le caddie, c'est
que c'est lourd, ces cannettes. Et de continuer ses courses tranquillement...
Tout
se passe bien : les courses sont terminées en un temps record (c'est
le mois d'août, tout le monde est parti), il n'y a presque personne
à la caisse, la caissière est souriante, et la note pas trop salée. C'est parti direction le parking.
Arrivée à la voiture, notre héroïne
range soigneusement les courses dans le coffre avant de ramener le
chariot. Elle récupère son sac à main posé dans le siège enfant
du caddie, et là, c'est le drame.
Vous vous souvenez ? Le pack de
Coca ?
Fébrile, la jeune femme se précipite sur son ticket de caisse. Le Coca n'y figure pas. Alors, c'est du vol ? La cliente avait complètement oublié la présence de l'article, l'hôtesse de caisse n'a rien vu, et le vigile qui discutait deux caisses plus loin n'a pas levé un sourcil.
Vous feriez quoi, vous ? Parce qu'il
n'y a pas trente-six options mais deux :
- la méthode judéo-chrétienne, qui te fait culpabiliser direct ( " voler, c'est mal " ) avec petit angelot qui te murmure à l'oreille de retourner dans le magasin signaler que tu n'as pas payé l'article ;
- et la méthode délinquante, qui consiste à enfourner l'objet du délit dans le coffre de la voiture en te retournant dix fois pour voir si la police n'arrive pas.
Personnellement, mon éducation
m'aurait certainement poussé à rendre l'article non payé (mais je
rappelle qu'on ne parle pas de moi). En même temps, on ne doit pas
avoir l'air benêt, de revenir dans le magasin, la mine honteuse, pour
confesser qu'on a diminué le chiffre d'affaires de cinq euros.
La morale de l'histoire ? Voler par
omission, c'est possible. Mais c'est mal.
Trrrrès
mal.
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