Chère madame C,
Vous étiez l'une de mes patientes.
Vous êtes morte mercredi.
Toute l'équipe d'aide-soignantes s'y
attendait depuis des semaines. Votre famille aussi.
Quatre-vingt-cinq ans, un Alzheimer qui
vous grignotait petit à petit depuis des années... Vous aviez fini par abandonner le combat.
Je n'ai pas été surprise par votre
décès. Pas bouleversée non plus. C'était dans l'ordre des choses.
Je m'étais tellement demandée, depuis deux ans que je vous
connaissais, à quoi ça servait de vivre comme ça, enfermée dans
cette maladie qui vous avait privée peu à peu de communication, puis
rendue grabataire. Je me le demande encore.
J'ai surtout pensé à votre famille,
qui vous a entourée jusqu'au bout, en vous permettant de rester chez
vous jusqu'à la fin.
Deux jours plus tard, nous avions notre
réunion d'équipe hebdomadaire. Celle où l'on passe en revue tous les
patients, par ordre alphabétique.
Votre tour est arrivé. Mais on n'a pas
parlé de vous. La feuille à votre nom avait déjà été retirée
du classeur.
J'ai attendu le dernier patient.
Maintenant, nos responsables allaient nous dire quelque chose.
Mais non.
C'est une collègue qui a pris la parole pour nous informer de la
date de vos obsèques. J'ai alors demandé comment s'était passé
votre décès. « Qu'est-ce-que tu veux savoir ? »
m'a-t-on répondu avec étonnement. Et bien, je ne sais pas moi, comment
ça c'est passé la veille avec la collègue qui est passée chez
vous, si vous étiez seule au moment de votre mort, bref, qu'on parle
de vous !
Onze ans que l'équipe venait vous
aider.
Onze ans, et vous n'étiez plus qu'un
dossier qu'on archive.
Votre décès ne m'a pas perturbée.
Cette indifférence, si. Depuis cette réunion, je pense à vous et je suis triste. J'ai parlé avec deux collègues,
j'ai fait un fondant au chocolat pour me remonter le moral... Il
avait comme un arrière-goût.
Je n'aime pas aller aux enterrements.
Je trouve ça glauque. Et à part pour manifester mon soutien à la
famille, je ne trouve pas ça très utile. Parce que pour moi, la personne
décédée n'est pas dans le cercueil. Elle est déjà
ailleurs. Et elle n'a pas besoin de notre présence auprès de son
enveloppe terrestre pour ressentir nos pensées vers elle.
Je n'aime pas les enterrements.
J'irai
au vôtre.
Parce que sinon, j'aurais l'impression
que vous êtes morte deux fois.
De vieillesse d'abord.
D'indifférence ensuite.
Et ça, ça
serait vraiment le plus terrible.
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| In mémoriam |
De mon côté, je me suis promise en rentrant dans ce service de ne jamais aller à aucun enterrement ou d'y aller à tous; je m'explique: Ayant travaillé qqs temps à l'Adp*,je me suis fais complètement envahir et submerger par mes sentiments et émotions avec les personnes rencontrées(et ça continue,et ben bravo!), je faisais plus que mon travail pour eux(revenant après mes heures pour leur rendre service),ils m'invitaient en dehors du boulot...bref le grand bordel et quand un décès arrivait: qui c'est qui était complètement effondrée?
RépondreSupprimerAujourd'hui, je suis toujours aussi marquée par chaque ange qui s'élève(on se refait pas,je sais) et certaines personnes m'ont plus marqué que d'autres comme un Mr G sur Chirens ou un Mr sur Voreppe que très peu ont connu mais qui moi m'a beaucoup perturbé.
Tout ça pour dire que je comprends ton sentiment,et que je pense aussi que c'est dommage de ne pas donner un temps de parole (hors transmi) pour parler de ces personnes des bons moments passer avec eux et des anecdotes car la mort n'est pas tabou .
Pour la Chouette : madame C ou ILS OU EUX
RépondreSupprimerEternel :
Pourquoi dis-tu la Chouette qu’ELLE a abandonné le combat ?
Moi, je ne le crois pas. ELLE n’a pas combattu ELLE était là ces 11 années avec SA Famille. Que dis-je depuis toujours avec eux.
ELLE en n’a vécu des aventures avec sa famille. Nous on n’était pas là.
ELLE a juste franchi le pas.
Tu sais ? Celui que l’on ne connaît pas.
ELLE a quitté la para et la pharmacie pour rejoindre surement le Paradis.
NON, après mures réflexions tu as raison la Chouette : ELLE a combattu. La vie n’est-elle pas un « éternel Combat » ?
Les Collègues :
Dis la Chouette ne t’inquiète pas. Tes Collègues Y ont toutes pensées chacune à leur manière.
Le comment ça s’est passé on le sera jamais.
Les détails que se posent une AS non aucune importance. (Comment était ELLE couchée……..)
ELLE était seule chez ELLE bien au chaud physiquement. Mais loin de l’être psychologiquement. Ces Enfants étaient là, enfin pas tous.
ELLE est partie en rejoindre UN et son MARI aussi.
Ça a dû être dur pour ELLE de les quitter. Mais ELLE l’a décidé.
IL y en a qu’ELLE a rejoint et d’autres qu’il fallait qu’ELLE laisse continuer à vivre. Dur comme « décision » ?
L’indifférence :
il n’y en a pas eu. Chacun à sa manière se protège. On ne peut pas porter la douleur de chaque famille.
HEHE réveille-toi la Chouette.
ILS y en a tellement d’autres Madame C à s’occuper.
Dis la Chouette je remplace le ELLE par ILS ou EUX. Qu’en penses-tu ?
Ils ou Eux :
On ne les voit pas chanter ni danser à la télé, (Sosh CLAUDE FRANCOIS tu crois que c’est pour sa mémoire ?).
Mais EUX représentent toute les personnes soignées, ILS auront peut-être même fait avancer la médecine.
Et à nous les soignants, ILS nous aident à traverser notre vie personnelle …….
Et surtout ILS ont le pouvoir de nous apprendre que personne n’est indiffèrent.
Après mures réflexions :
Puis après tout on a le droit d’être indifférent puisque l’on est tous différent.
C’est de regarder les infos, d’aller se coucher et de bien dormir (j’ai le droit de bien dormir).
C’est d’oublier de dire bonjour parce que je pense à autre choses aujourd’hui (j’ai le droit de ne pas avoir envie de dire bonjour, j’ai aussi mes propres soucis).
L’indifférence, il y a trop d’exemples pour tous les noter ici.
Et puis j’en ai marre de ce clavier. J’ai qu’une envie c’est de lui taper dessus. Je te rassure la Chouette je ne fais ça que sur les claviers pas sur Monsieur ou Madame A B C D E F G ;-) Homo I J K L M N O P Q Razoir S T U V W X Y Zmêtre ;-).
Ah ce matériel « monde matérialiste ».