Il y a des petits bonheurs dans la
vie, qui en font toute la saveur : un sourire, une fleur éclose, un rayon de soleil qui perce entre
les nuages...
Moi mon bonheur du jour, c'est ma
nouvelle poubelle.
Attention, je sais que c'est très con
comme petit bonheur. Mais je ne peux pas m'empêcher de sourire
bêtement en la regardant. Même les Minis-Chouettes ont fait des
bonds de joie en la voyant sur la terrasse (seul le Hibou est resté
plus discret sur ses sentiments ; mais je sais qu'il est heureux lui
aussi).
La classe |
Ca n'est qu'une poubelle me direz-vous
? Alors il faut que je vous raconte pourquoi on l'attendait avec
autant d'impatience (elle et ses petites soeurs marron, jaune et bleue
qui arrivent la semaine prochaine. Ahhhh !!!! (cris de joie).
Quand on a emménagé il y a un an,
l'ancien propriétaire nous a expliqué que les poubelles étaient en
commun pour les cinq logements. "Ce sont les gens d'en face qui
s'occupent de les sortir. On a essayé de faire chacun son tour, mais
il y a un couple qui refuse de s'en occuper". Ah ? Pas de souci,
on marche comme ça.
Dans les faits, quand le couple en
question n'était pas là, on sortait et on rentrait les poubelles
nous-mêmes.
Mais il y a plusieurs choses qui me
dérangeaient :
Le manque de confidentialité : ce
n'est pas que je pense que des papparazzis fouillent les poubelles
pour tout savoir de ma vie (pas encore). Mais si moi je peux
consulter les CV de la voisine en jettant la publicité, elle aussi
peut avoir des infos sur moi. Du coup il y a des choses que je mets
dans la poubelle normale, coupées en petits morceaux. Parfois
répartis entre deux poubelles différentes, on ne sait jamais
(surtout les infos bancaires, ne me prenez pas pour une tarée).
Le stress (oui, la Chouette est
sensible) de savoir si les voisins allaient bien sortir les poubelles
le jour du passage des rippeurs (on ne dit plus éboueurs, c'est
moins classe). La semaine dernière ils étaient chez eux, et pourtant ils
ont réagit une fois que le camion était passé.
La saleté : l'été dernier, un voisin
avait jeté des restes de viande crue directement dans le bac gris. Sans sac
plastique. Pour le plus grand bonheur de quelques mouches qui avaient trouvé là l'endroit idéal pour fonder une famille.
Beurk |
J'ai cru que j'allais vomir. Encore
plus après la collecte, quand j'ai entrepris de nettoyer le
container à la Javel. L'odeur immonde et la vue des petits vers innocents se tordant de douleur ont failli avoir raison de mon estomac.
Le tri mal fait : les verres cassés
dans la poubelle jaune, les feuilles plastifiées dans la poubelle
bleue (oui, à la base c'est du papier, mais les dossiers reliés, ça
ne se jette pas là). J'ai essayé d'éduquer mes voisins. Après
m'être coupée avec un sac de verres cassés que j'avais sorti de la
mauvaise poubelle, j'ai affiché les consignes de tri dans le local
poubelles, et je leur ai gentiment mis à chacun un mémo dans la
boîte à lettres :
C'est pas compliqué, quand même ! |
Ca fait un peu obsessionnelle... Mais
je suis influencée par Grande Chouette, qui a eu plusieurs fois la
visite d'une ambassadrice du tri à l'école, et qui s'amuse à
m'interroger avec le fameux mémo. Enfin, elle ne s'amuse pas
longtemps. Elle s'énerve à chaque fois, parce que je sais toujours
où jeter quoi. "Mais la dame elle a dit que les parents se
trompaient ! " Moi je dis qu'elle devrait être fière de la
culture poubellesque de sa maman !
Bref, depuis un moment, je commençais
à en avoir marre de faire le tri dans les poubelles communes (c'est
plus fort que moi).
La goutte qui a fait déborder le vase,
ça a été la voisine qui m'a interpellée l'autre jour pour me dire
qu'il fallait que je rentre les poubelles. Parce qu'elle, elle
n'était que locataire.
Elle ne les utilise pas les poubelles ?
Ah si, pour jeter ses CV ou ses dossiers plastifiés au mauvais
endroit (je sais que c'était elle, il y avait son nom dessus) !
Alors voilà, j'ai téléphoné au
centre de tri, j'ai expliqué, j'ai parlementé, j'y suis allée,
j'ai même dû rencontrer le responsable (très gentil, on a échangé
sur les capacités de nos poubelles respectives), et hier j'ai enfin
eu le coup de fil magique : "On accepte que vous passiez en
poubelles individuelles".
Danse de la joie, saut dans la
voiture, et une heure après, la poubelle grise était là.
Maintenant, j'attends impatiemment le
retour des Minis Chouettes de l'école pour qu'on jette en famille
le premier sac dans notre nouvelle amie.
Les petits bonheurs, je vous dit...
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