Des fois, il y a des
attitudes qui me sidèrent. A croire qu'on ne vit pas tous dans le
même monde.
Mercredi dernier par
exemple : pendant que Grande Chouette était à son activité, Petite
Chouette et moi sommes allées dans un square. On y a retrouvé une
des ses copines de classe, accompagnée de sa grande soeur et de sa
maman. Les enfants jouaient sur le tourniquet, dans le petit train en
bois, et puis elles sont parties un peu plus loin en courant, à une
trentaine de mètres.
L'autre maman et moi
discutions orthophoniste, et par miracle, je venais de trouver dans
mon téléphone les coordonnées de celle qui s'est occupée de
Petite Chouette (si vous avez besoin, demandez-moi, elle est vraiment
top).
Un petit coup d'oeil au
loin, Petite Chouette et ses copines s'amusent tranquillement. Le temps de
déchiffrer le numéro pour le donner à la maman, et c'est la grande soeur
qui arrive en criant : " Venez vite, Petite Chouette s'est fait
mal ! "
On n'entend aucun cri, ce
qui n'est pas fait pour me rassurer, et je marche aussi vite que mon
dos me le permet. J'arrive à la structure de jeu, et je vois Petite
Chouette assise par terre, en larmes, en train de se frotter la
jambe. J'aperçois aussi du coin de l'oeil deux mamans avachies sur
un banc, à deux mètres de nous. Je m'occupe de Petite Chouette :
rien de cassé, pas une égratignure, surement plus de peur qu'autre
chose. Je l'aide à se relever, et, c'est plus fort que moi, mais je
ne peux pas résister.
Je lance gentiment aux
deux larves vautrées sur le banc :
" Vous auriez pu
venir la voir. "
" Ah non, c'est
personnel. "
Pardon ? J'ai du mal
entendre. Un enfant tombe devant elle, se met à pleurer, et elles
n'ont pas le réflexe de se lever ? Je rêve là !
" Comment ça c'est
personnel ? Vous n'avez pas bougé ? "
" On a dit à
l'autre petite d'aller chercher sa maman. "
" Et vous vous
restez assises à la regarder pleurer ? "
" Oh, mais c'était
pas grave ! "
" Mais on s'en fiche
! C'est une question de solidarité ! "
Je vous passe les
insultes qu'elles ont commencé à me sortir. Apparemment, je les
dérangeais beaucoup avec mes réflexions. Je leur ait fait remarquer
que ce n'était pas la peine d'être agressives, ce à quoi elles ont
répondu que c'était moi qui les agressait (ben tiens).
J'ai pris Petite Chouette
par la main, et je les ai plantées là sur leur banc moisi, en leur
assénant que ce n'était pas étonnant que le monde aille si mal, et
que ce n'était pas près de s'arranger.
Je crois qu'elles m'ont
pris pour une folle.
Toute ressemblance avec des personnes existant... |
Heureusement, la maman
des copines avait tout vu et on a pu parler, ce qui m'a évité de
ressasser ça tout le restant de la journée. Elle était aussi
choquée que moi, et on a échangé nos expériences sur le manque
d'humanité de certains de nos concitoyens (Non mais des mamans ! Quand même ! ) :
- les gens qui te coupent la route en voiture alors que tu es en train de traverser sur un passage piétons avec tes enfants ;
- le petit garçon de cinq ans, un gros pain dans les bras, qui essaie d'ouvrir la lourde porte de la boulangerie. Il a du mal, hein, visiblement il ne va pas y arriver, mais personne ne l'aide.
Et ça, ça n'est que
pour mercredi dernier ! Mais il y en a tous les jours des exemples
pourris comme ça.
Moi je dis qu'une société
ou les adultes ne se sentent plus responsables des enfants, de TOUS les enfants et pas seulement des leurs, elle va mal.
Ca n'est plus de l'égoïsme
ou de l'indifférence. C'est du suicide collectif !
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