Il faut que je vous
raconte. L'autre jour, j'ai commenté une parution Facebook. Ca
m'arrive rarement, en général je me contente de liker ou de
partager quand vraiment ça me semble important.
Cette parution mise en
ligne par " Non au harcèlement à l'école " (la page de
l'éducation nationale, ici) concernait une application smartphone
permettant aux enfants de signaler un contenu choquant. Houlà !
Smartphone, enfants, harcèlement, tout ces mots dans la même phrase ?
C'est quoi ce truc ?
On parle beaucoup
cette année du harcèlement scolaire. Et c'est tant mieux. Parce
qu'au moins les enfants savent que ce n'est pas normal. Qu'on peut en
parler. Parce que les adultes sont sensibilisés, même si beaucoup
minimisent ou ne font pas la différence avec de simples
chamailleries. A voir la super conférence d'Hélène Romano sur le sujet ici). Parce qu'il était temps qu'on dise haut et fort que
le harcèlement scolaire, on peut en tomber malade, voire même en
mourir. Même des années après.
Mais là je suis en train
de comprendre un truc qui m'échappait jusqu'à maintenant. Quand
j'entendais parler du cyber-harcèlement, je comprenais difficilement
comment les parents pouvaient ne pas voir ce qui se passait sur
l'ordi familial. Même si on ne surveille pas tout ce
que font les enfants, on jette quand même un petit coup d'oeil au
passage. Et on voit si son enfant va sur les réseaux sociaux. Et la
tête qu'il fait un lisant ses commentaires. Non ?
Non. Parce qu'en vrai,
les enfants ont des smartphones. Alors j'ai mis un commentaire qui
s'il a suscité quelques "j'aime" a aussi choqué quelques
personnes. J'ai écrit ça :
" Pourquoi donner
des smartphones aux enfants ? Un simple téléphone portable et le
problème ne se pose plus... "
Subversif hein ? Moi ça
me semble juste d'une logique désarmante.
Personnellement je n'ai
pas de smartphone. J'ai un téléphone qui sert à téléphoner (et à
envoyer des SMS). Uniquement parce qu'il n'y a plus de cabines
téléphoniques.
Et pourquoi il n'y a plus de cabines téléphoniques ? Ca ne serait pas encore un coup des fabricants de portables ou du gouvernement ? (souvenez-vous, on a en déjà parlé ici).
Il est pas beau mon téléphone à 30 euros ? |
Et pourquoi il n'y a plus de cabines téléphoniques ? Ca ne serait pas encore un coup des fabricants de portables ou du gouvernement ? (souvenez-vous, on a en déjà parlé ici).
Bref, la Chouette est
vieux jeu. Ou maligne. Au choix. Un smartphone, ça coute en moyenne
184 euros ; plus environ 10 euros de forfait par mois (soit 120 euros
par an). Vous multipliez
tout ça par une moyenne de quatre personnes par famille, ça nous
donne quoi ? 1216 euros la première année. 1216 euros !
Je vous dis combien je
paye mon forfait téléphonique ? (deux heures d'appel, et SMS
illimités) : 4,99 euros par mois. Maligne, hein ?
Ben non, je suis has been
en fait. En tout cas c'est ce que semble penser la personne qui me
répond :
" Les téléphones
qui ne sont pas des smartphones ne sont plus légions (ah si, on
en trouve très facilement en hyper marché) et souvent
inutilisables au bout de six mois car de mauvaise qualité (en tout cas surement moins fragiles qu'un smartphone) et
puis on pourrait aussi leur remplacer leurs enceintes wi fi par des
tourne disques je pense qu'ils apprécieraient beaucoup... "
Ah, ah, ah, remplacer les
enceintes wi-fi par des tourne-disques ! Quelle manière délicate de
me faire comprendre que je suis une vieille chouette qui ne comprend
rien à rien !
J'ai répondu en posant
la question de l'intérêt du smartphone chez les enfants/ados (oui,
des fois je cherche). Et cette charmante dame me répond ça :
" Question de
génération (et on en remet une couche sur mon grand âge),
empêcher, interdire n'a jamais protéger, éduquer, prévenir, si.
Quand les parents sont des parents ils n'ont pas à avoir peur de
l'évolution technologique. "
Wahou ! " Quand les
parents sont des parents ". Ca y est. Je suis une mauvaise mère.
Quand les parents sont
des parents (je ne comprends pas bien la portée philosophique de
l'expression, mais bon...) bien sur qu'ils ont peur ! De tout. De
l'évolution technologique, de la méningite foudroyante, du pervers sur
la route de l'école, du taux de chômage dans vingt ans, des cours
de piscine à l'école, de l'allergie alimentaire à la cantine, de
la piqure d'araignée venimeuse planquée dans un sachet de bananes
(si c'est possible). De tout.
Quand les parents sont
des parents (décidément, cette expression me plait de plus en
plus), ils peuvent inciter leurs
enfants à réfléchir, et les amener à comprendre :
- qu'on n'est pas obligés de choisir de se faire piéger par la société de consommation ;
- que le progrès c'est bien, à condition de ne pas en devenir esclave ;
- que ne pas avoir tous les trucs à la mode, ce n'est pas être un looser ou un boloss, c'est juste ne pas être un mouton ;
- que la valeur d'une personne ne dépend pas de ce qu'elle a, mais de ce qu'elle est (gros dossier).
Et
puis, pour finir, quand les parents sont des parents, ils savent que
l'une des choses qui compte le plus, c'est la valeur de l'exemple.
Que les enfants se construisent par rapport à nous, et que même
s'ils s'opposent parfois à nos valeurs, il en restera toujours
quelque chose au fond d'eux.
A
bon entendeur...
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