Vous savez à quoi j'ai passé ma
soirée de lundi ? A une activité hyper intéressante. Ca a duré
jusqu'à minuit, et je n'ai pas vu le temps passer (sauf pour l'envie
de faire pipi au bout d'une heure).
Non, je ne suis pas allée faire du
sport (je déteste, souvenez-vous ici) ; je ne suis pas non plus allée
à un concert ou en boîte.
Vous donnez votre langue au chat ? Je
suis allée assister au conseil municipal de ma commune. Mais si
c'est cool comme sortie !
Alors oui, j'ai parfois des goûts un
peu à part. Petite fille, je tenais de grands discours aux mannequins en plastique dans les grands magasins. Adolescente, j'écoutais de la musique classique même si j'adorais aussi Alphaville et Francis Cabrel (non ce n'est pas bizarre Alphaville). Et j'adore l'odeur du fumier (qui
me rappelle la campagne de mon enfance). Sinon ça va, merci.
L'envie d'assister à un conseil
municipal, je l'avais depuis des années. Peut-être un vieil
Oedipe refoulé ( " Mais qu'est-ce-que mon papa trouve de si
bien à la mairie ? " Il a été élu pendant plus de 30 ans. Il fallait
bien que je comprenne un jour...).
Je n'avais jamais franchi le pas. Et puis il y a deux mois, j'ai su qu'un sujet concernant
l'école allait être débattu. En tant que déléguée de
parents d'élèves (là), je ne m'implique pas à moitié : j'y
suis donc allée.
C'est marrant un conseil municipal (en
plus d'être intéressant). Dans le notre, il y a une trentaine de
personnes. A peu près le même effectif que dans une classe. Et ça
y ressemble sacrément ! Je vous présente ?
Personnage un peu à part : le
prof le maire. C'est lui qui parle la plupart du temps. Il anime,
donne la parole aux élèves conseillers. Il demande aussi à ses élèves s'ils ont bien
révisé leurs leçons (apparemment, les mails sont aussi peu ouverts
que les livres de classe).
Les élèves, eux, se
répartissent en différentes catégories :
- les retardataires : ils arrivent
un bon quart d'heure après les autres, mais il y en a deux sortes :
- la stressée essoufflée qui se
précipite vers sa chaise en bredouillant des excuses
- le cool qui se moque d'être en
retard et va s'installer tranquillement (c'est le même qui sortira
son téléphone portable à peine assis)
- le malade : il passe toute la
séance à tousser et à renifler, sous les regards inquiets de ses
camarades, qui auraient visiblement préféré échapper aux projections de microbes.
- les bons élèves : on les
reconnait parce qu'ils ont des dossiers devant eux, parfois même un
ordinateur. Ils sont prêts à rebondir à chaque question du maire.
Parfois, ils ont droit à un mot de félicitations pour leur bon
travail, et on sent que ça les rend tout fiers.
- la surmenée : elle a le teint
pâle de celle qui travaille trop, et semble au bord de la crise de
nerfs dès que le prof annonce un devoir supplémentaire.
- le fayot : toujours le premier à
répondre (même quand il ne connaît rien au sujet) et toujours
volontaire pour tout, il agace visiblement ses camarades (et le prof,
qui a bien repéré qu'il visait son poste).
- la bimbo : toute réunion est pour
elle une occasion de paraître. Avec ses vêtements trop chics, son
maquillage et sa façon de surveiller la porte au moindre bruit, on a
l'impression qu'elle est plus venue dans l'espoir d'un passage à
l'improviste de Jean Dujardin que pour étudier le dossier des
jardins (elle a du mal lire l'ordre du jour).
- l'étourdi : il pose des
questions auxquelles les autres viennent de répondre, se mélange
dans ses papiers, et se fait gentiment chambrer par ses camarades
qu'il énerve parfois un peu.
- la rigolote : elle sort des mots
d'esprit à tout bout de champ... de pommes de terres (trop drôle,
enfin, moins au bout de deux heures....).
- le fatigué : il passe toute la
séance à bailler en regardant sa montre ; visiblement, il regrette
d'être venu.
- le bouc émissaire : tout
est de sa faute. Du rétro-projecteur qui ne fonctionne pas au
ruisseau qui a débordé, il est désigné responsable de tout. Même
les baisses de dotations de l'état, c'est lui.
- les pipelettes : elles se mettent toujours côte à côte pour pouvoir rigoler et échanger des confidences. Sur le dossier déchetterie ? Pas sûr...
- les absents : ils ont fait un
mot d'excuse, et ont désigné un de leurs camarades présents pour
répondre voter à leur place (pratique).
- les rebelles : c'est eux
avec les téléphones portables. Ils sont assis côte à côte à une
place savamment étudiée, assez près du prof pour râler à
intervalles réguliers (le reste du temps, ils soupirent en levant
les yeux au ciel dès qu'il ouvre la bouche). Mais pile dans l'angle
mort de son champ de vision, ce qui leur permet de jouer ou d'envoyer
des messages pendant toute la séance (j'ai du me retenir pour ne
pas me lever et aller leur faire bouffer leur téléphone).
Seule différence avec une salle de
classe : la présence d'un public. Parce que oui, on a le droit de
venir s'informer à la source. La
première fois, on était une dizaine. Lundi, j'étais toute seule, ce qui était assez gênant. J'avais l'impression d'être celle qui s'est trompée de classe.
Je cherche donc actuellement une copine (voire un copain) de conseil.
Parce que la seule chose horriblement difficile pour moi, c'est que
quand on est dans le public, on n'a pas le droit d'intervenir. On ne
peut pas poser de questions, ni donner son avis, même quand on a la
réponse et que personne dans la classe
n'arrive à répondre au prof. Pour celles qui me connaissent, vous
vous rendez compte de la frustration que cela représente pour moi :
trois heures sans parler ! (j'y arrive mais c'est dur).
Alors
je vous invite (sérieusement) : venez avec moi la prochaine fois. C'est un soir par mois, et je vous assure que
vous ne le regretterez pas. C'est une bonne occasion de se rendre compte que les adultes restent d'éternels enfants.
C'est désespérant. Ou amusant.
A vous de voir...
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