mercredi 14 décembre 2016

Le conseil municipal



Vous savez à quoi j'ai passé ma soirée de lundi ? A une activité hyper intéressante. Ca a duré jusqu'à minuit, et je n'ai pas vu le temps passer (sauf pour l'envie de faire pipi au bout d'une heure).

Non, je ne suis pas allée faire du sport (je déteste, souvenez-vous ici) ; je ne suis pas non plus allée à un concert ou en boîte.

Vous donnez votre langue au chat ? Je suis allée assister au conseil municipal de ma commune. Mais si c'est cool comme sortie !

Alors oui, j'ai parfois des goûts un peu à part. Petite fille, je tenais de grands discours aux mannequins en plastique dans les grands magasins. Adolescente, j'écoutais de la musique classique même si j'adorais aussi Alphaville et Francis Cabrel (non ce n'est pas bizarre Alphaville). Et j'adore l'odeur du fumier (qui me rappelle la campagne de mon enfance). Sinon ça va, merci.

L'envie d'assister à un conseil municipal, je l'avais depuis des années. Peut-être un vieil Oedipe refoulé ( " Mais qu'est-ce-que mon papa trouve de si bien à la mairie ? " Il a été élu pendant plus de 30 ans. Il fallait bien que je comprenne un jour...). 

Je n'avais jamais franchi le pas. Et puis il y a deux mois, j'ai su qu'un sujet concernant l'école allait être débattu. En tant que déléguée de parents d'élèves (), je ne m'implique pas à moitié : j'y suis donc allée. 

C'est marrant un conseil municipal (en plus d'être intéressant). Dans le notre, il y a une trentaine de personnes. A peu près le même effectif que dans une classe. Et ça y ressemble sacrément ! Je vous présente ?


Personnage un peu à part : le prof le maire. C'est lui qui parle la plupart du temps. Il anime, donne la parole aux élèves conseillers. Il demande aussi à ses élèves s'ils ont bien révisé leurs leçons (apparemment, les mails sont aussi peu ouverts que les livres de classe).


Les élèves, eux, se répartissent en différentes catégories :

- les retardataires : ils arrivent un bon quart d'heure après les autres, mais il y en a deux sortes :

- la stressée essoufflée qui se précipite vers sa chaise en bredouillant des excuses

- le cool qui se moque d'être en retard et va s'installer tranquillement (c'est le même qui sortira son téléphone portable à peine assis)

- le malade : il passe toute la séance à tousser et à renifler, sous les regards inquiets de ses camarades, qui auraient visiblement préféré échapper aux projections de microbes.

- les bons élèves : on les reconnait parce qu'ils ont des dossiers devant eux, parfois même un ordinateur. Ils sont prêts à rebondir à chaque question du maire. Parfois, ils ont droit à un mot de félicitations pour leur bon travail, et on sent que ça les rend tout fiers.

- la surmenée : elle a le teint pâle de celle qui travaille trop, et semble au bord de la crise de nerfs dès que le prof annonce un devoir supplémentaire.

- le fayot : toujours le premier à répondre (même quand il ne connaît rien au sujet) et toujours volontaire pour tout, il agace visiblement ses camarades (et le prof, qui a bien repéré qu'il visait son poste).

- la bimbo : toute réunion est pour elle une occasion de paraître. Avec ses vêtements trop chics, son maquillage et sa façon de surveiller la porte au moindre bruit, on a l'impression qu'elle est plus venue dans l'espoir d'un passage à l'improviste de Jean Dujardin que pour étudier le dossier des jardins (elle a du mal lire l'ordre du jour).

- l'étourdi : il pose des questions auxquelles les autres viennent de répondre, se mélange dans ses papiers, et se fait gentiment chambrer par ses camarades qu'il énerve parfois un peu.

- la rigolote : elle sort des mots d'esprit à tout bout de champ... de pommes de terres (trop drôle, enfin, moins au bout de deux heures....).

- le fatigué : il passe toute la séance à bailler en regardant sa montre ; visiblement, il regrette d'être venu.

- le bouc émissaire : tout est de sa faute. Du rétro-projecteur qui ne fonctionne pas au ruisseau qui a débordé, il est désigné responsable de tout. Même les baisses de dotations de l'état, c'est lui.

- les pipelettes elles se mettent toujours côte à côte pour pouvoir rigoler et échanger des confidences. Sur le dossier déchetterie ? Pas sûr...

- les absents : ils ont fait un mot d'excuse, et ont désigné un de leurs camarades présents pour répondre voter à leur place (pratique).

- les rebelles : c'est eux avec les téléphones portables. Ils sont assis côte à côte à une place savamment étudiée, assez près du prof pour râler à intervalles réguliers (le reste du temps, ils soupirent en levant les yeux au ciel dès qu'il ouvre la bouche). Mais pile dans l'angle mort de son champ de vision, ce qui leur permet de jouer ou d'envoyer des messages pendant toute la séance (j'ai du me retenir pour ne pas me lever et aller leur faire bouffer leur téléphone).


Seule différence avec une salle de classe : la présence d'un public. Parce que oui, on a le droit de venir s'informer à la source. La première fois, on était une dizaine. Lundi, j'étais toute seule, ce qui était assez gênant. J'avais l'impression d'être celle qui s'est trompée de classe.

Je cherche donc actuellement une copine (voire un copain) de conseil. Parce que la seule chose horriblement difficile pour moi, c'est que quand on est dans le public, on n'a pas le droit d'intervenir. On ne peut pas poser de questions, ni donner son avis, même quand on a la réponse et que personne dans la classe n'arrive à répondre au prof. Pour celles qui me connaissent, vous vous rendez compte de la frustration que cela représente pour moi : trois heures sans parler ! (j'y arrive mais c'est dur). 

Alors je vous invite (sérieusement) : venez avec moi la prochaine fois. C'est un soir par mois, et je vous assure que vous ne le regretterez pas. C'est une bonne occasion de se rendre compte que les adultes restent d'éternels enfants. 

C'est désespérant. Ou amusant.  

A vous de voir...




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