Je prends sur moi, là... |
Aujourd'hui, j'ai écrit à ma banque.
Celle dans laquelle je suis depuis
toute petite. A l'époque ou les parents ouvraient un livret A pour
chacun de leurs enfants, quand ça rapportait encore quelque chose.
Je me souviens comme on était fières d'aller faire noter les
intérêts sur nos livrets ; on se sentait riches.
Alors, bien sur, quand il a fallu
contracter (rien que le mot donne une idée du stress que c'est) un
prêt pour acheter une maison, c'est vers elle que nous nous sommes
tournés. Après un petit détour par la banque depuis l'enfance du
Hibou (La Missive Enchantée), où l'accueil fort condescendant de la
conseillère nous a fait fuir à toutes jambes.
Endettés pour un paquet d'années, donc,
par plusieurs prêts cumulés, auprès de la banque Le Joyeux Paysan.
Un nom bien de chez nous, bien rassurant pour les petits-enfants d'agriculteurs que nous sommes. On imagine tout de suite la
fiabilité, le bon sens, la stabilité.
Quand nous avons vendu la maison l'an
dernier, nous avons pu rembourser l'un des prêts, la nouvelle maison
dans l'ancien étant beaucoup moins chère que l'ancienne maison, qui
elle était neuve (vous suivez ? ).
Oh joie, oh bonheur !
Mais, c'est quoi cette petite ligne ?
Les IRA ?
« Ah, oui, messieurs dames, il y
a des indemnités de remboursement anticipés à nous régler. Vous
comprenez, on va louper 20 ans d'intérêts là, alors il faut nous
dédommager ! » nous a gentiment expliqué la conseillère
du Joyeux Paysan (ok, elle ne l'a pas dit comme ça, mais on a bien
compris le message).
Oui, c'est légal.
C'est hallucinant, mais c'est légal.
On y échappe seulement en cas de résiliation de prêt due à un
décès, un changement de lieu de travail, ou une perte d'emploi.
On déménageait quand même parce que
le Hibou a quitté son emploi salarié pour se lancer à fond dans
son métier de dessinateur. Donc pour moi, on était dans le cadre de
la perte d'emploi. Le jeune homme de la banque n'était pas
convaincu ; gentil, mais pas convaincu (oui, la dame s'est
transformée en monsieur pour cause de grossesse). Comme je lui ai
expliqué, Pôle Emploi considère comme involontairement privé
d'emploi un salarié qui bénéficie d'une rupture conventionnelle ;
ce qui est le cas du Hibou.
Donc la logique veut que la banque suive
le même raisonnement que l'Etat.
Robin (oui, au Joyeux Paysan, on est en
famille,tous les conseillers se présentent par leur prénom) m'a
donc mollement suggéré de faire un courrier à sa direction, et de
le lui remettre ; il se chargerait personnellement de le
transmettre. Il est gentil Robin.
J'ai donc fait ma lettre, argumentée
solidement, sûre de notre bon droit (j'ai un côté Don Quichotte).
Et je l'ai remise à Robin.
C'était le 16 novembre 2014.
Quelques semaines plus tard, il m'a
annoncé que la directrice avait donné son accord oral, et que nous
allions recevoir une réponse écrite. Youpi !
J'ai attendu patiemment, puis j'ai fini
par retourner aux nouvelles dans mon agence. Et là, Robin était
bien embêté. Nous avions changé de conseiller (maintenant c'était
Antoine) et il ne retrouvait pas la lettre que nous avions envoyé à
Annabelle pour lui faire la demande.
« Mais vous m'aviez dit que la
directrice était d'accord ? » ai-je dit.
« Oui, mais il faut qu'on envoie
le dossier pour confirmation au siège, et il n'y a rien dans les
dossiers d'Annabelle. »
Annabelle est donc partie en congé
maternité avec notre dossier ? Quelle conscience
professionnelle, quelle abnégation !
J'ai donc renvoyé par mail le double
du courrier, directement à Robin pour qu'il le transmette à Antoine
qui allait pouvoir présenter le dossier à la responsable, et « nous
tiendrait informés dès qu'il aurait plus d'informations à nous
communiquer. »
C'était le 26 juin.
J'ai attendu. Je sais qu'il y a eu les
vacances d'été, puis la rentrée, peut-être même un nouveau
changement de conseiller, qui sait ?
Mais là, ça commence à faire long
tout de même.
Presque un an qu'on a envoyé notre
demande, et toujours pas de réponse ? Elle en prend un coup la
confiance qu'on a dans notre chère banque familiale.
Une idée nous a même effleurés :
et s'ils faisaient semblant de prendre en compte notre demande, mais
qu'en fait ils nous menaient en bateau en attendant qu'on se lasse et
qu'on abandonne de nous même ?
Non. Ca ne ressemble pas au Joyeux
Paysan ! Les conseillers sont si souriants, si aimables ! A
chaque fois que je vais retirer de l'argent, ils me demandent comment
je vais d'un air très intéressé. Parfois, ils offrent même des
ballons aux Minis-Chouettes (je ne sais pas ce que c'est que cette
obsession des ballons, comme dans les magasins de chaussures ici).
Non. Il doit y avoir une erreur quelque
part. J'ai donc renvoyé un courrier en recommandé avec accusé de
réception à la directrice d'agence Mme Duquelquechose (tiens, elle
n'a pas de prénom elle). Pardon Robin. Je sais que je peux vous
faire confiance.
Mais là, mon sang paysan commence à s'échauffer.
Je ne laisserai pas tomber sans
avoir eu une vraie réponse.
On est têtus, nous les paysans.
Surtout quand on est surs de notre bon
droit.
Parce que là, j'ai vraiment l'impression qu'on nous prend pour des courges.
Et ça, moi, ça m'énerve au plus haut point !
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