mercredi 29 mars 2017

Hommage


Elle s'appelait Jo. Elle travaillait à l'école. L'an dernier, elle avait eu un bébé, et on pensait tous qu'elle était en congé parental. En réalité, depuis un an, Jo ne profitait pas de ses enfants. Elle se battait contre un cancer. 

Jo est morte il y a quelques jours. A quarante ans. 

Jo est morte et les enfants sont rentrés de l'école en larmes. J'ai cru que Grande Chouette avait mal compris. J'ai appelé l'école, et on m'a dit que oui, malheureusement c'était vrai. 

Jo est morte et il faut répondre aux questions des enfants, qui sont finalement les mêmes que les nôtres :

  • pourquoi ça lui est arrivé à elle ?
  • est-ce que son bébé risque d'être malade aussi ?
  • comment on peut avoir un cancer pendant sa grossesse ?
  • est-ce que ça peut m'arriver à moi ?
  • comment on peut mourir quand on est une jeune maman ?
  • comment vont faire ses enfants ? Et son mari ? Et ses parents ?
  • pourquoi on n'a pas pu la guérir ?
  • comment on peut mourir si jeune ?

Répondre à des questions dont on n'a pas la réponse...


Et puis, pour ne pas se sentir impuissant devant cette injustice, réagir, chacun avec sa personnalité :

  • déposer des fleurs devant l'école, comme ces mamans
  • faire des dessins de Jo, comme les enfants de la garderie
  • sortir les guirlandes et les moules à biscuits pour organiser une fête pour ne plus être tristes, comme Petite Chouette (à 5 ans et demi, on a parfois de jolies idées)
  • organiser une collecte, comme ses collègues de l'école
  • écrire un mot à la famille, comme moi et beaucoup d'autres parents

Ecrire...

Autre chose que " sincères condoléances " ou " nous partageons votre peine ". 

Ecrire qu'en tant que parent, on partait le coeur léger de l'école quand on laissait son enfant à Jo. 

Ecrire que tous les enfants l'aimaient, parce qu'ils sentaient bien qu'à ses yeux, ils étaient tous uniques. 

Ecrire que c'est dégueulasse ce qui lui est arrivé et qu'on a pas de mots, juste des témoignages de ce qu'elle a été et de ce qu'elle restera à jamais dans nos coeurs. 

Ecrire à sa famille pour leur dire qu'on savait quelle belle personne elle était. Et combien nos enfants ont eu de la chance de la rencontrer.

Ecrire que Jo restera vivante en nous. Parce que c'est vrai. Parce que ce qu'elle a semé dans le coeur des enfants fera partie de leur personnalité pour toujours. Et parce que sa disparition nous rappelle l'urgence de vivre.

Merci Jo. Pour tout.



NB : Jo était discrète, alors Jo n'est pas son véritable prénom.

mercredi 22 mars 2017

La honte...

 
Il y a les mots d'enfants qui sont mignons, ceux qui font chaud au coeur... Et puis il y a les autres, ceux qui te collent la honte.

Dernier en date de cet acabit : Petite Chouette, cette après-midi, en pleine MJC. 
Vous avez saisi le contexte : une MJC un mercredi après-midi, c'est forcément blindé d'enfants mais aussi de parents qui attendent leurs chérubins.

Il fait soleil, Petite Chouette a envie d'aller jouer au square voisin le temps que sa soeur termine son activité, et j'accepte (même si ça me rappelle un mauvais souvenir récent).

Juste avant de sortir, je lui recommande de m'attendre, et là elle se met à hurler : " C'est d'accord Capitaine Flatulent !!! "

La honte.

Vous imaginez ? Les têtes qui se tournent vers nous, les gens qui sourient, voire qui rigolent franchement, les enfants qui demandent à leurs parents " qu'est-ce-qu'elle a dit la petite fille j'ai pas compris et pourquoi tu ris mamannnnn ? ".

La honte.

Même si Petite Chouette ne connait certainement pas le sens du mot " flatulent " et que cette appellation n'a absolument aucun rapport avec la réalité. Aucune.

Rester digne, sortir de cette MJC de m.... et s'échapper vers le square. Où le tourniquet est squatté par des adolescents au langage aussi fleuri que celui de Petite Chouette. Et qui ont vraiment de drôles de relations avec leur mère, si j'en crois ce que j'ai entendu...


samedi 18 mars 2017

Trouduc


Trouduc. Ce n'est pas une insulte. C'est de l'art, d'après plusieurs galeries et critiques.

De l'art. Je ne ferai pas de publicité à cet homme dont la dernière " performance " (ça s'appelle comme ça) est de s'être fait tatouer un slogan politique autour de l'anus en public. Oui, oui, vous pouvez relire la phrase plusieurs fois, mais c'est bien ça.

De l'art, ses autres réalisations : profaner des hosties consacrées, manger des pages du Coran...

De l'art parce que c'est validé par des galeristes qui exposent les photos prises lors de ces prestations. 

De l'art parce qu'il est suivi par 50 000 personnes sur Facebook.

De l'art également ces deux comparses qui peignent avec du caca (oui, on relit aussi cette phrase). Et qui ont été exposés au palais de Tokyo.

De l'art.

Par contre, les peintres de nature morte, de paysages, d'animaux, ce ne sont pas des artistes. Ce sont des ringards (comme se l'est entendu dire une peintre de ma connaissance).

Les dessinateurs qui passent des semaines sur une oeuvre (comme le Hibou), voire des années comme le prolixe Jean de Maximy, ils sont quoi ? Des farfelus ? Des ringards eux aussi ? En tout cas ils ne vendent pas leurs oeuvres des milliers d'euros, quand ils arrivent à les vendre (parce que les performeurs vendent eux ; très cher. Encore une phrase qu'on relit.)

Il faut que je vous parle de Jean de Maximy. Oui, c'est le père d'Antoine, de l'émission télé " J'irai dormir chez vous ". Mais c'est surtout le génial auteur de " Suite inexacte en homologie singulière ", un dessin de 83 mètres de long réalisé sur près de quarante ans (plus d'infos et d'images ici). Un monsieur adorable que nous avons eu la chance de rencontrer ; un monsieur à qui je pense souvent avec beaucoup de tendresse. Un monsieur dont on a beaucoup moins entendu parler que de ces performeurs. Mais à mon sens un vrai artiste. 

Parce que l'art, ça demande des efforts, des sacrifices, de l'humilité.

Parce que l'art, ça n'est pas choquer à tout prix. 

Aujourd'hui, je ne suis pas en colère. Je suis profondément triste. Etre femme d'artiste, ce n'est pas seulement la fierté, les encouragements, la gestion de la logistique... C'est aussi souvent l'incompréhension face au système, le sentiment d'injustice, le découragement et les larmes d'impuissance ...

Aujourd'hui, c'est un jour sans. Un jour où je n'ai qu'une certitude personnelle à laquelle me raccrocher : l'art c'est ce qui transcende le quotidien, pas ce qui avilit l'être humain.


mercredi 15 mars 2017

Quelques grammes de finesse...



Il y a des journées qui commencent mieux que d'autres. Aujourd'hui, je me suis réveillée une heure en avance, puis rendormie. Logiquement, quand le réveil à sonné, je l'ai aussitôt éteint et j'ai comaté encore cinq minutes ; dix minutes ; quinze minutes. Oh punaise ! Me voilà donc à la bourre pour réveiller les Minis-Chouettes (on ne parle pas du Hibou, qui lui n'a carrément pas entendu le réveil).

J'en suis à galérer pour habiller Petite Chouette en Alice aux pays des merveilles (collant blanc, tee-shirt blanc "à manches longues", robe rose et ballerines, merci les DVD) quand le Hibou débarque dans la salle de bains en disant :

" Tu as vu le voisin ? "

Le voisin. Celui qui se balade à moitié nu un matin sur deux (c'était ici). D'ailleurs j'ai trouvé la parade pour protéger les yeux sensibles des Minis-Chouettes : j'ouvre les volets beaucoup plus tard.

" Quoi le voisin ? "

" Et bien on voit bien ses testicules ce matin. "

" Quoi ??? Non mais c'est pas possible ! "

Des images défilent dans ma tête (parfois, j'aimerais avoir moins d'imagination), et je fonce dans la chambre de Petite Chouette en abandonnant mon Alice à moitié coiffée. Non pas que voir les bonbons du voisin m'intéresse spécialement, mais je suis sidérée par son sans-gêne.

J'arrive en furie devant la fenêtre, prête à l'ouvrir en grand pour lui montrer que je l'ai bien vu, quand je tombe sur ça :



Ah, ah, ah !!!

Mais quel humour le Hibou ! Quelle finesse !

Il y a des journées qui commencent mieux que d'autres. Ce matin, ça a finalement été un grand fou rire (non sans avoir rappelé au Hibou qu'il a vraiment un humour pourri ! ).


samedi 11 mars 2017

L'effet boule de neige

 
Il suffit parfois d'une parole, d'un évènement en apparence anodin, pour que se déclenche toute une série de bouleversements. Je ne vais vous parler que des changements positifs, le blog n'est pas là pour qu'on se replonge dans nos petits ou gros soucis quotidiens (quoique, parfois...).

Aujourd'hui, j'ai deux exemples.

Le premier, c'est une intervention dans une classe de primaire pour présenter notre premier livre pour enfant. A la fin de l'après-midi, j'avais eu une conversation avec la sympathique maîtresse, fan des chouettes comme moi (rigolez, mais ça rapproche). Elle m'avait confié avoir été touchée par la citation d'Oscar Wilde au début de notre album (pour mémoire : " Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec on atterrit dans les étoiles..." ). Ca lui donnait envie de reprendre un projet de livre pour enfants qu'elle avait imaginé. Je lui avais dit que c'était une super idée et donné les coordonnées de notre éditeur au cas où...

Et vous savez quoi ? Son livre vient de sortir, illustré par une de ses collègues, chez le même éditeur que nous !

D'ailleurs, je vous le conseille vivement, il est à la fois ludique et pédagogique (et il y a une chouette dedans ! Bon ok...).


Si je vous précise qu'on avait connu notre maison d'édition grâce à une poète qui exposait dans le même salon que le Hibou, vous commencerez à voir l'effet boule de neige...


Le deuxième, c'est la petite phrase de la maman d'une copine de Grande Chouette, qui m'a conduite à devenir déléguée de parents d'élèves (souvenez-vous, ici).. 

Il y a un an, jamais je n'aurais imaginé que ces quelques mots jetés au détour d'une conversation m'amèneraient à me découvrir des potentiels inexploités et à reprendre une sacrée confiance en moi.

Alors toutes mes félicitations à Sandrine, et à sa comparse Emilie, pour avoir su se laisser emporter par leur envie.

Et un infini merci à Emmanuelle (ça y est, je connais enfin son prénom) pour avoir été au départ d'un effet boule de neige qui ne fait que se développer.

En vous souhaitant d'être attentifs à ce que les petits détails de vos vies font résonner en vous... 

Ecoutez.. et foncez !


samedi 4 mars 2017

Cookies



Ca fait longtemps que je cherchais une recette de " vrais " cookies. A savoir, croustillants à l'extérieur, et moelleux à l'intérieur. Et je viens de trouver ! Alors comme je suis généreuse, je partage avec vous. En plus le printemps tarde à s'installer (oui, je sais on n'est que début mars, mais y'en a marre du froid ! ) et on a besoin de réconfort, alors...

Pour 18 cookies :

200 g de farine
1 cuillère à café de levure chimique
1 pincée de sel
100 g de beurre mou
60 g de cassonade
60 g de sucre blanc
1 oeuf
1 sachet de sucre vanillé
50 g de noisettes et/ou d'amandes en morceaux
100 g de pépites de chocolat

Préchauffer le four à 180 °C. Dans un saladier, mélanger la farine, la levure, le sucre, le sucre vanillé et la pincée de sel.

Ajouter le beurre ramolli et mélanger à la main, puis ajouter l'oeuf et malaxer à nouveau (on peut déléguer la tâche à un enfant qui adorera patouiller et se lécher les mains ensuite).

Terminer en ajoutant les pépites de chocolat et les amandes et/ou noisettes en morceaux.

Avec la pâte, faire des boules, les déposer sur une feuille de papier sulfurisé en les espaçant légèrement et en les aplatissant avec la paume de la main.

Cuire pendant 12 minutes, pas plus (le Hibou a voulu faire dorer la dernière fournée et ils étaient durs).

Laisser refroidir quelques minutes et déguster immédiatement !

Alors ???

J'ai commis l'erreur de doubler les doses pour en avoir pour plusieurs jours. 
A ne pas faire ! Les cookies avaient durci le lendemain.

Alors on fait la recette et pas plus, et surtout, surtout, on mange tout le jour même !



mercredi 1 mars 2017

Le progrès ?

 
Il faut que je vous raconte. L'autre jour, j'ai commenté une parution Facebook. Ca m'arrive rarement, en général je me contente de liker ou de partager quand vraiment ça me semble important.

Cette parution mise en ligne par " Non au harcèlement à l'école " (la page de l'éducation nationale, ici) concernait une application smartphone permettant aux enfants de signaler un contenu choquant. Houlà ! Smartphone, enfants, harcèlement, tout ces mots dans la même phrase ? C'est quoi ce truc ?

On parle beaucoup cette année du harcèlement scolaire. Et c'est tant mieux. Parce qu'au moins les enfants savent que ce n'est pas normal. Qu'on peut en parler. Parce que les adultes sont sensibilisés, même si beaucoup minimisent ou ne font pas la différence avec de simples chamailleries. A voir la super conférence d'Hélène Romano sur le sujet ici). Parce qu'il était temps qu'on dise haut et fort que le harcèlement scolaire, on peut en tomber malade, voire même en mourir. Même des années après.

Mais là je suis en train de comprendre un truc qui m'échappait jusqu'à maintenant. Quand j'entendais parler du cyber-harcèlement, je comprenais difficilement comment les parents pouvaient ne pas voir ce qui se passait sur l'ordi familial. Même si on ne surveille pas tout ce que font les enfants, on jette quand même un petit coup d'oeil au passage. Et on voit si son enfant va sur les réseaux sociaux. Et la tête qu'il fait un lisant ses commentaires. Non ?

Non. Parce qu'en vrai, les enfants ont des smartphones. Alors j'ai mis un commentaire qui s'il a suscité quelques "j'aime" a aussi choqué quelques personnes. J'ai écrit ça :

" Pourquoi donner des smartphones aux enfants ? Un simple téléphone portable et le problème ne se pose plus... "

Subversif hein ? Moi ça me semble juste d'une logique désarmante.

Personnellement je n'ai pas de smartphone. J'ai un téléphone qui sert à téléphoner (et à envoyer des SMS). Uniquement parce qu'il n'y a plus de cabines téléphoniques.

Il est pas beau mon téléphone à 30 euros ?
 
Et pourquoi il n'y a plus de cabines téléphoniques ? Ca ne serait pas encore un coup des fabricants de portables ou du gouvernement ? (souvenez-vous, on a en déjà parlé ici).

Bref, la Chouette est vieux jeu. Ou maligne. Au choix. Un smartphone, ça coute en moyenne 184 euros ; plus environ 10 euros de forfait par mois (soit 120 euros par an). Vous multipliez tout ça par une moyenne de quatre personnes par famille, ça nous donne quoi ? 1216 euros la première année. 1216 euros !

Je vous dis combien je paye mon forfait téléphonique ? (deux heures d'appel, et SMS illimités) : 4,99 euros par mois. Maligne, hein ?

Ben non, je suis has been en fait. En tout cas c'est ce que semble penser la personne qui me répond :

" Les téléphones qui ne sont pas des smartphones ne sont plus légions (ah si, on en trouve très facilement en hyper marché) et souvent inutilisables au bout de six mois car de mauvaise qualité (en tout cas surement moins fragiles qu'un smartphone) et puis on pourrait aussi leur remplacer leurs enceintes wi fi par des tourne disques je pense qu'ils apprécieraient beaucoup... "

Ah, ah, ah, remplacer les enceintes wi-fi par des tourne-disques ! Quelle manière délicate de me faire comprendre que je suis une vieille chouette qui ne comprend rien à rien !

J'ai répondu en posant la question de l'intérêt du smartphone chez les enfants/ados (oui, des fois je cherche). Et cette charmante dame me répond ça :

" Question de génération (et on en remet une couche sur mon grand âge), empêcher, interdire n'a jamais protéger, éduquer, prévenir, si. Quand les parents sont des parents ils n'ont pas à avoir peur de l'évolution technologique. "

Wahou ! " Quand les parents sont des parents ". Ca y est. Je suis une mauvaise mère.

Quand les parents sont des parents (je ne comprends pas bien la portée philosophique de l'expression, mais bon...) bien sur qu'ils ont peur ! De tout. De l'évolution technologique, de la méningite foudroyante, du pervers sur la route de l'école, du taux de chômage dans vingt ans, des cours de piscine à l'école, de l'allergie alimentaire à la cantine, de la piqure d'araignée venimeuse planquée dans un sachet de bananes (si c'est possible). De tout.

Quand les parents sont des parents (décidément, cette expression me plait de plus en plus), ils peuvent inciter leurs enfants à réfléchir, et les amener à comprendre :

  • qu'on n'est pas obligés de choisir de se faire piéger par la société de consommation ;
  • que le progrès c'est bien, à condition de ne pas en devenir esclave ;
  • que ne pas avoir tous les trucs à la mode, ce n'est pas être un looser ou un boloss, c'est juste ne pas être un mouton ;
  • que la valeur d'une personne ne dépend pas de ce qu'elle a, mais de ce qu'elle est (gros dossier).

Et puis, pour finir, quand les parents sont des parents, ils savent que l'une des choses qui compte le plus, c'est la valeur de l'exemple. Que les enfants se construisent par rapport à nous, et que même s'ils s'opposent parfois à nos valeurs, il en restera toujours quelque chose au fond d'eux.

A bon entendeur...