samedi 30 juillet 2016

Le bidon



Depuis que je suis en arrêt de travail, j'ai pris trois kilos. Enfin, c'est ce que dit la balance.

Moi j'ai la sensation que c'est beaucoup plus ! Tous mes pantalons me serrent, j'ai l'impression d'avoir tout pris au niveau du ventre. Bon, c'est vrai que dans mon boulot je bougeais beaucoup (pour preuve j'avais perdu trois kilos le premier mois après mon embauche) et qu'en ce moment j'avance plutôt au ralenti.

Ca et le stress... Parce que quand je suis angoissée, il me faut du sucré. Il y a d'ailleurs eu récemment à la maison quelques paquets de bonbons qui ont mystérieusement disparu...

Mais où est-il passé ???


Mais quand même, j'ai pris du ventre. Et de la poitrine... Un peu comme quand j'attendais les Mini-Chouettes en fait...

Et là l'idée s'insinue dans mon esprit tortueux (oui, parce qu'à plus de 40 ans et sous pilule, il y a peu de chance que ce soit "CA" ). Le truc, c'est que deux de mes collègues ont accouché récemment : deux ravissants petits garçons. Et que j'ai eu les photos. Et que même, l'autre jour, j'en ai porté un. Ca me fait toujours le même effet les bébés : j'ai des montées de lait fantôme, un grand creux dans l'estomac, et juste très envie de les prendre dans mes bras (mais en général je sais me retenir). Il ne faut pas me laisser devant l'émission "Baby Boom". Ou alors avec une boîte de mouchoirs. Je pense que je n'ai pas eu mon quota d'enfants et donc toujours ce fantasme d'agrandir la famille. Parce que j'en voulais quatre. Le Hibou zéro. On est donc dans une bonne moyenne avec nos deux Mini-Chouettes.

Donc ça faisait quelques jours que je me posais LA question (je n'en étais pas à chercher des prénoms, mais presque). Quand l'ancienne maîtresse de Grande Chouette, à qui je disais que Petite Chouette était pénible en ce moment (un peu comme Grande Chouette au même âge, à la naissance de sa petite soeur) me sort : 

- "Et pourtant, là il n'y a pas de naissance de prévue ? " (je ne fais pas mes "plus de 40 ans")

- "Euh, pas que je sache" j'ai répondu.

Voilà, le ver était dans le fruit. Et si c'était ça ? Les enfants ont un sixième sens pour ce genre de chose. Grande Chouette par exemple, a recommencé à se réveiller toutes les nuits à trois ans et demi dès que j'ai su que j'étais enceinte de Petite Chouette. On lui a  annoncé la nouvelle, et zou, elle a de nouveau bien dormi.

J'ai donc acheté un test de grossesse. Ah ! Le Hibou vient de s'évanouir ! La caissière m'a jeté un regard soupçonneux (moi qui croyais que je ne faisais pas mon âge ! ). J'avais déjà préparé mon alibi : " C'est pas pour moi, c'est pour une copine " (la Chouette est très ado) mais elle ne m'a pas demandé ma carte d'identité.

Et oui, je l'ai Vraiment acheté !

J'ai planqué la boîte en arrivant à la maison : Grande Chouette sait lire et est TRES, TRES curieuse ; moins de risques du côté du Hibou. Il sait lire aussi, mais zappe fréquemment les détails du quotidien.

J'ai attendu quelques jours avant de faire le test. Pour tout vous avouer, je sentais bien qu'il y avait quelque chose d'un peu irréaliste (qui a dit ridicule ? ) dans ma démarche. Mais on ne sait jamais...

Et puis un matin, je me suis décidée. Les Mini-Chouettes étaient devant la télé, le Hibou devant son ordinateur. Et moi tranquille entre la salle de bains et les WC. Le mode d'emploi n'avait pas évolué depuis les Mini-Chouettes. Et je n'avais toujours pas compris comment faire pipi sur le batonnet testeur sans en mettre partout (désolée pour le côté glamour). Je me suis enfermée dans la salle de bains en râlant (rapport au pipi sur les doigts) et j'ai attendu, le coeur battant. Une minute. Deux minutes. Trois minutes. C'était négatif. J'ai poussé un ouf de soulagement (oui, la Chouette est contradictoire). Ah, le Hibou ouvre un oeil !

En même temps, je m'y attendais. Je ne sais pas jusqu'à quel âge je vais penser grossesse au moindre kilo supplémentaire ou dégoût alimentaire passager. Je suis sûre que je pourrais encore faire un test de grossesse à 50 ans (si, si, ça arrive, les grossesses tardives).

Ce qui m'embête dans l'histoire, c'est qu'il va falloir que je me penche sérieusement sur la disparition des paquets de bonbons et autres tablettes de chocolat... Qui doivent bien aller se cacher quelque part...


mercredi 27 juillet 2016

Ca baigne


Pour lutter contre la chaleur et occuper les Mini-Chouettes, j'ai acheté une petite pataugeoire. Rien de surdimensionné. Avec nos vingt mètres carrés de terrasse, on ne peut pas faire de folie ! Mais elles sont contentes. Elles peuvent se tremper, s'éclabousser, se battre à coup de pistolets à eau à défaut de nager. 

En vrai, je vous l'avoue, j'ai surtout acheté cette mini piscine pour éviter d'aller à la vraie. Je vous avais raconté comme j'aime ça. Et pour le moment, ça marche. Surtout que Papy et Mamy ont eux investi dans une grande piscine gonflable qui récolte un franc succès.

En plus, en faisant un tour aux soldes du magasin de jouets l'autre jour, je leur ai trouvé à chacune une mignonne petite tortue en plastique, qui marche sur la terre ferme et nage dans l'eau. De quoi s'amuser encore plus. Et accessoirement pallier le manque d'animaux à la maison.

Trop choupinettes !

Hier, elles jouaient dehors quand j'ai entendu Grande Chouette crier : " Maman ! Viens vite voir ce que Petite Chouette a fait ! "

En général, ça n'augure rien de bon... Et effectivement... 

Petite Chouette se tenait à côté de la piscine, la boîte de nourriture pour poissons à la main. "J'ai cru que c'était des vraies tortues, et qu'elles avaient faim ! " 

Voilà, voilà...
 
Pour se baigner, c'est râpé ! Bon ben dans ce cas... J'espère que mes plantes aimeront le mélange !




samedi 23 juillet 2016

Nice, encore...

 
Je ne devrais pas l'écrire, parce que c'est le but recherché. Mais je n'arrive pas à me remettre de l'attentat de Nice.

Déjà pour le Bataclan, j'avais eu du mal. Parce qu'on avait suivi le déroulement en direct à la télé ? Pour la première fois de ma vie, j'avais acheté Paris Match. D'habitude, je le feuillette chez la coiffeuse ou chez le dentiste. Quoique mon dentiste a plutot des magazines de déco. Et un drapeau français dans sa salle d'attente. Je n'ai jamais osé lui demander pourquoi. On va dire qu'il est patriote.

Donc, j'ai acheté le numéro de Paris Match avec les photos des victimes. J'ai toujours cru que les gens faisaient ça par voyeurisme. Et bien peut-être que non. Moi j'avais besoin de mettre un visage, un nom, une histoire de vie sur les personnes touchées. Je ne pouvais pas me contenter d'un chiffre. Derrière il y avait des personnes, pas des numéros. Les voir, c'était en quelque sorte leur rendre une réalité, une existence qui leur avait été volée.

Pour Nice, c'est pire. Je pense que c'est parce qu'il y a des enfants parmi les victimes. Dès que j'allume l'ordinateur, je tape "Nice" dans la barre de recherche. Le matin en me réveillant. Le soir avant de me coucher. C'est ce que j'ai encore fait hier soir. J'ai lu l'intégralité des noms des victimes, leur âge, les miettes de leur vie. Et je n'ai pas réussi à m'endormir avant quatre heures du matin. Je sais que ça ne sert à rien. Que ça ne changera pas ce qui c'est passé. Que là, je vais exactement dans le sens voulu par les instigateurs de la terreur : je cultive la peur.

Bien sur, c'est le matin qu'à choisi Petite Chouette pour se réveiller à 7 heures. Je l'ai aidée à découper son village indien dans le dernier Pomme d'Api. Elle a bien voulu me laisser colorier le décor. Elle a préféré se charger des personnages. Elle a déjà conscience du niveau en dessin de sa mère...

Je trouve que je l'ai bien réussi !

Après plusieurs jours d'hésitation, on en a finalement parlé aux Minis-Chouettes à midi. Les premiers jours, je n'ai pas voulu. Je ne voyais pas à quoi ça servait de leur faire peur, alors qu'elles n'avaient aucune raison d'en entendre parler. On ne regarde jamais les infos (surtout pas avec elles), on n'achète pas le journal. Bref, nous sommes de très mauvais citoyens de base. Pour le Bataclan, on leur avait dit. Il y avait école juste après, et on préférait qu'elles apprennent les choses par nous que dans la cour d'école, avec toutes les déformations et exagérations possibles.

On leur a dit qu'on avait quelque chose de très triste à leur dire. Petite Chouette s'est bouchée les oreilles, et n'a accepté de décoller ses mains qu'après qu'on lui ait demandé si elle préférait qu'on lui explique les choses nous-même, ou l'apprendre plus tard par ses copines. Je n'ai pas réussi à leur dire en plein. J'ai planté le décor, et le Hibou a continué. Moi j'avais la gorge serrée et la voix tremblotante. Bref, la parfaite image de la mère forte et rassurante !

Petite Chouette n'a pas réagit, mais elle a écouté. Grande Chouette a demandé si c'était loin de chez nous, ce qui l'a rassurée. Et puis elle nous a dit : "Je m'y attendais. C'est logique qu'ils fassent ça à un feu d'artifice, ils choisissent les endroits ou il y a plein de monde." 

Huit ans et demi. Je me suis dit qu'elle était déjà habituée à vivre avec cette menace, et que c'était bien dommage.

Et puis elle a posé une question qui m'a fait l'admirer, une fois de plus. Moi, je ne suis plus capable de réagir comme elle. En voyant le bon côté des choses. Je crois que je ne l'ai jamais été. Elle est comme ça depuis toute petite. Une des rares fois où elle s'est fait punir à l'école, assise sur un banc pendant toute la récréation, elle me l'a raconté et m'a dit : "Ca n'est pas grave, comme ça j'ai pu me reposer ! "

J'espère de tout mon coeur que ça fait partie de sa personnalité. Sûrement (gros croisement de doigts en touchant du bois). J'espère qu'elle gardera toujours cet optimisme. 

 
Vous savez ce qu'elle nous a demandé, pour Nice ?

"Mais c'est à quel moment qu'il a fait l'attentat ? "
 "Après le feu d'artifice, Grande Chouette."
 "Ah, et bien tant mieux. Comme ça, les gens, ils sont morts heureux."

Je vous ai dit que j'admire ma fille ?



mercredi 20 juillet 2016

Les crottes au chocolat



Allez ! La recette des biscuits au chocolat, goutée et approuvée par ma copine Mel, (souvenez-vous, la reine des macarons et celle qui m'a transmis la recette du brookies).
Je dis approuvée parce qu'elle m'a demandé la recette. C'est un signe qui ne trompe pas. Par exemple, si vous dites à quelqu'un " Tu veux que je te donne la recette, à l'occasion ? " et qu'il vous répond " Euh, oui, plutôt à ce moment là ! " ça ne veux pas forcément dire qu'il a apprécié votre plat... Mais les biscuits (autrement appelés crottes au chocolat) que je vous propose aujourd'hui sont des valeurs sûres.

J'ai cuisiné avec Petite Chouette, quelques épisodes de Big Time Rush retenant toute l'attention de Grande Chouette. Je crois que la série est encore pire niveau jeu d'acteur que Chica Vampiro (qui est déjà bien surjoué). Mais Logan est tellement beau ! Enfin, ça c'est mon avis. Grande Chouette préfère Kendall, et Petite Chouette craque sur Carlos, qui, il faut bien l'avouer est celui qui chante le mieux. Parce que oui, on a acheté le CD. 
Et que ça s'écoute plutôt bien...

Bref, revenons à nos biscuits. C'est très simple à faire, et comme vous allez le voir, les ingrédients se trouvent certainement déjà dans vos placards. Voici la liste qui vous permettra de faire environ 80 pièces (après ça dépend de la quantité de pâte crue que mangent vos enfants ; ici, ça doit bien être l'équivalent de quatre ou cinq biscuits) :
  • une boîte de lait concentré sucré (397 g)
  • 45 g de beurre
  • un oeuf battu
  • 500 g de chocolat noir
  • 200 g de farine tamisée
  • 1 cuillère à café de bicarbonate de soude ou 1/2 paquet de levure chimique
Je précise tout de suite qu'il n'y a pas de faute de frappe : il faut bien 500 g de chocolat. Mais c'est quand même une recette légère. Ah, ben si, 45 g de beurre pour réaliser 80 biscuits, c'est très peu !

On verse dans une casserole le lait concentré sucré, le beurre, et le chocolat coupé en morceaux, et on fait fondre à feu doux et remuant. On retire du feu dès que c'est fondu, et on laisse tiédir.

On préchauffe le four à 180°C (thermostat 6). Ensuite, on rajoute l'oeuf battu, puis la farine et le bicarbonate (ou la levure).

Appétissant !

Et on obtient enfin ce que Petite Chouette attendait depuis le début : " On dirait du caca de chien ! " s'exclame-t-elle sur un ton ravi. Voilà, comme depuis des mois, on patauge encore dans le pipi/caca (c'est une image, hein !).

Il s'agit ensuite de faire de petits tas de pâte, et d'enfourner pour 5/6 minutes, pas plus. C'est la partie un peu longue de la recette. Surtout quand, comme moi, vous choisissez de la faire un jour où il fait 32 °C dehors, et où l'usage du four pour réchauffer la maison n'était pas vraiment indispensable... Petite Chouette a d'ailleurs cuisiné en culotte, et moi... ça n'intéresse personne !

Bien penser à tout goûter !


Après une demi-heure de patience (trois fournées, quand même), on peut enfin admirer le résultat et en manger sans  culpabilité, vu les kilos qu'on vient de perdre assise à côté du four à surveiller la cuisson (l'effet sauna, vous connaissez ? ) :

Hein, ça fait envie ?

Si c'est pas beau ! Et délicieux ! Enfin, si l'on parvient à se sortir de la tête les cris d'enthousiasme de Petite Chouette qui appelle le Hibou depuis le bas des escaliers : " Papa, viens goûter ! On a fait des biscuits à la crotte de chien ! "






samedi 16 juillet 2016

Nice



Aujourd'hui, j'avais prévu un article léger (enfin léger... du style dix secondes dans la bouche et dix ans sur les hanches) à base de biscuits au chocolat.

Et puis il y a eu le 14 juillet.

J'aime bien le 14 juillet. C'est la fête, les bals, les feux d'artifices, on ne travaille pas (quoique si, des fois je travaille). Mais c'est l'été, il y a une atmosphère de gaieté dans l'air et ça fait du bien. Et puis surtout, c'est l'anniversaire de ma grand-mère. On lui a toujours fait la blague de lui dire qu'elle avait de la chance d'avoir tous ces feux d'artifice pour son anniversaire ! Cette année, elle aurait eu cent ans. Elle est partie il y a quelques années, ce qui ne nous a pas empêchés de lui souhaiter un joyeux anniversaire, avec beaucoup de tendres pensées (enfin, c'était un peu plus bruyant du côté de Petite Chouette, très enthousiaste même si elle ne l'a pas connue).

On avait prévu d'aller au feu d'artifice. Au dernier moment, on a décidé que non. J'avais mal au dos (pour changer), il faisait hyper froid (12 °C en juillet, normal) et j'avais peur que les Minis-Chouettes prennent froid (Grande Chouette se remet à peine d'une angine). Et puis elles ont insisté, supplié, et finalement, on y est allés. Classique.

Il faisait froid, mais pas tant que ça finalement. C'était joli, même si une partie du feu était tirée devant le château. Pour les personnes installées en face (peut-être 10 % du public) ça devait même être très chouette. Nous, on avait un arbre de dix mètres de haut qui nous cachait la vue. Ce qui n'empêchait pas Petite Chouette de s'écrier "Ouah, c'est le plus beau celui-là ! " "Euh, on ne voit rien là Petite Chouette, juste des lumières derrière l'arbre." Grande Chouette avait un peu moins peur que d'habitude (elle déteste le bruit des explosions). Petite Chouette assurait les commentaires, au cas où un groupe d'aveugles soit près de nous : "Oh, c'est bleu ! Oh, c'est rouge ! " Ca dérangeait bien un peu la jeune fille devant nous, occupée à filmer le spectacle avec son téléphone. J'avais juste envie de lui tapoter sur l'épaule et de lui dire d'en profiter en vrai, avec l'enthousiasme de Petite Chouette, et que ça ne serait jamais aussi bien de le revoir sur un petit écran.


On est repartis dans la foule. J'ai râlé parce que je n'aime pas trop ça, me sentir coincée, j'ai râlé parce qu'il y avait une poussette derrière nous et que ça fait mal aux chevilles, j'ai râlé parce qu'il y avait tellement de monde devant l'arrêt de bus qu'on devait descendre sur la route et que c'était dangereux, j'ai râlé parce que quand même, on n'avait pas pu voir tout le feu d'artifice et que la municipalité devait le savoir depuis le temps qu'il fallait couper cet arbre !

Et puis on est rentrés, on a couché les Mini-Chouettes, je me suis fait une infusion. Il était presque minuit, j'allais aller me coucher quand le Hibou a déboulé dans la cuisine.

Et ça a recommencé : le choc, la sidération, l'impossibilité de réaliser que si, c'est bien vrai. On s'est retrouvé dans son bureau, avec BFM en fond, à surfer sur Tweeter pour avoir plus d'infos, sur Facebook pour essayer d'avoir des nouvelles de la famille qui habite juste à côté de Nice. On a été rassurés assez rapidement pour notre famille : ils allaient bien. On n'a pas réussi à décrocher avant deux heures du matin, quand on s'est dit qu'à part voir augmenter le nombre de morts, ça ne servait à rien de rester devant les écrans.

Je me suis demandé si ça servirait à quelque chose de prier ? Parce qu'à ce niveau là, j'ai du mal à croire à quelque chose. Prier pour les victimes ? C'est un peu tard, non ? Pour les blessés ? A priori, ils étaient entre de bonnes mains.

J'ai mal dormi. Je cogitais : sur le drame, bien sur, mais aussi sur des trucs idiots. Pourquoi j'avais marqué sur les réseaux sociaux : "Envie de changer de planète" (j'ai eu plein de likes d'ailleurs) ? C'est très con comme phrase. D'abord parce que déjà j'ai peur de l'avion, alors la fusée, je ne vous raconte pas. Et puis parce qu'à priori, les planètes qu'on connait sont encore moins hospitalières que la notre. Je culpabilisais aussi, de ne pas avoir envisagé cette éventualité en sortant de notre feu d'artifice, moi qui ait peur de tout. Je me disais que si le conducteur du camion était maghrébin,  mon beau-frère et tous les musulmans allaient encore devoir se justifier et expliquer que non, la religion musulmane n'a rien à voir avec les directives sanguinaires de sectes extrémistes. J'imaginais si nous, on avait été sur la promenade des Anglais : très utile ! J'essayais de me souvenir comment on fait un massage cardiaque (ah, enfin quelque chose de cohérent ! ). Je me traitais d'égoïste d'avoir voulu des enfants, vu le monde qui les entoure. Et je me demandais si on allait leur en parler.

Et puis ce matin, Petite Chouette s'est réveillée en me disant qu'elle voulait jouer au bébé papillon qui venait de naître, et elle s'est mise à agiter ses ailes toutes neuves en souriant.

Et puis Grande Chouette, à qui je faisais remarquer qu'elle avait un cil sur une joue et qu'il fallait qu'elle fasse un voeu m'a dit : "Je voudrais que les Pokémon existent en vrai ! " Hein ? En fait, remarque, moi aussi, je voudrais que les Pokémon existent en vrai...

Parce que peut-être, on aurait moins peur, on serait moins inquiets pour l'avenir. On ne verrait pas ces photos dégueulasses dans les journaux et sur les sites d'informations. Le pire, je crois, c'est la photo d'une poupée à côté d'un corps d'enfant. A quoi ça sert ? Sauf à faire du mal à ceux qui le connaissent ? Parce qu'on imagine assez bien le carnage, merci. On n'a pas besoin d'y rajouter des images. Ca fait vendre sûrement. Mais faire du fric sur les victimes, c'est juste à vomir.

Il y a eu la solidarité, aussi. Les partages d'avis de recherche, les taxis gratuits, les gens qui ont recueilli des inconnus chez eux...

Oui, il reste un peu d'espoir. Mais ça me semble tellement peu, au regard de toute cette violence.


Ce matin, je suis encore groggy. J'ai l'impression d'avoir la gueule de bois (et pourtant, je vous jure, je ne mets pas de Chartreuse dans mes tisanes). J'arrive juste à me dire qu'il faudrait que j'arrête de râler pour des conneries (même si je doute d'y parvenir) : Petite Chouette qui met un coup de ciseaux dans le plaid du canapé, pour voir ; Grande Chouette qui se cache sous la table, terrorisée parce qu'une mouche tourne autour de son assiette ; le Hibou qui met des baskets à Petite Chouette alors que putain, je viens juste de lui dire que j'avais monté ses bottes de pluie....

Oui, il reste le plus important : la famille, la solidarité, l'humanité. Et même si je me sens tellement impuissante, munie de ma seule plume, aujourd'hui, je vais juste m'accrocher à cette phrase de Gandhi : "Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde".
Et peut-être refaire un gâteau au chocolat.




mercredi 13 juillet 2016

Qu'est-ce qu'on boit ?



C'est l'été, il fait chaud (ah si, quand j'ai écrit l'article, il faisait même TRES chaud). Il faut s'hydrater, et l'eau, ben, ça va un moment. Comme le dit si bien Petite Chouette (ton geignard et révolté) : "Je veux quelque chose qui a du goût ! ". Grande Chouette (qui a un palais très fin, si l'on en croit le nombre d'aliments qu'elle n'aime pas) et moi-même tentons de la convaincre que "Mais si, l'eau ça a du goût ! " C'était compter sans l'arrivée du Hibou dans la cuisine : "Il n'y a pas de thé glacé ? Ou du sirop ? Enfin, un truc qui ait du goût ? " Et voilà ! "De l'eau, le Hibou, on a dit de l'eau..."

Il me faut faire notre méa culpa. Jusqu'à l'an dernier, il y avait toujours dans le frigo une bouteille de liquide marron pétillant (pas de pub sur le blog, enfin, pas tant que je ne serai pas rémunérée). Rarement de la vraie marque, et toujours light (c'est moins culpabilisant). On en buvait quelques gorgées tout au long de la journée. Mais ça, c'était avant.

Quand on a déménagé, on a récupéré quelques objets restés dans la maison : une paire de chenets de cheminée, un buste mystérieux en bois, et un fer à cheval :

Dans ce sens là, pour qu'il porte bonheur

Comme vous le voyez, il était tout rouillé, et j'ai donc décidé de lui offrir une seconde jeunesse.

Dans un premier temps, il fallait le nettoyer et enlever toute la rouille. Réflexe habituel : je cherche sur Internet quel produit miracle ferait le job. A mon grand étonnement, pas besoin de courir dans une droguerie ou un magasin de bricolage. Le produit phare qui est cité partout est dans mon frigo : c'est le fameux liquide marron pétillant. D'ailleurs, on ne va peut-être pas l'appeler comme ça pendant tout l'article. " Les Minis-Chouettes, vous avez une idée ? " "On pourrait appeler ça du Caca Qu'est-là ? Un grand merci à Petite Chouette ! (toujours dans sa période pipi/caca). Mais vu ce qui va suivre, le nom me semble convenir ; il serait même un peu gentillet.

Je suis sceptique sur l'efficacité de la fameuse boisson sur la rouille. Mais bon, je tente. Pour l'occasion, j'en achète une bouteille de la vraie marque (ça peut sembler du gaspillage vu l'usage que je veux en faire, mais je me méfie. Si c'est comme avec certains médicaments génériques, j'aime mieux mettre toutes les chances de mon côté).

Je place le fer à cheval dans une bassine en plastique. C'est une mesure de précaution. 

Scientifique

Depuis que j'ai vu la série Breaking Bad (sur une idée du Hibou) je sais qu'il vaut mieux éviter les récipients métalliques quand on veut dissoudre un corps. Mais je m'égare... Je ne veux pas spoiler, au cas où vous voudriez regarder la série (qui est bien d'ailleurs, un peu violente, mais bien) mais retenez que le plastique c'est mieux. 

Bref. Je verse une demi-bouteille de Caca Qu'est-là (il faut que je m'habitue au nom). Et je laisse macérer deux jours. En retournant à mi-temps. Et ça donne ça :

Flippant, non ?

La rouille a disparu. Mais moi je cogite : si ça fait ça sur du métal, ça fait quoi dans notre corps ?

On a donc banni le Caca Qu'est-là et ses sosies de la maison. Il nous a fallu plus d'une semaine pour décrocher. Bizarrement, on a eu une grosse sensation de manque (à se demander ce qu'ils mettent dedans ? ) Pour être totalement honnête (je sais que vous ne me dénoncerez pas), il m'arrive d'en racheter. Rarement. Pour faire plaisir aux Minis-Chouettes (très bon alibi, les enfants. Ca marche aussi pour les bonbons et le chocolat). 

Mais si j'en ai sous les yeux, j'ai impérativement besoin d'en boire, c'est limite comme une drogue. Alors j'évite. Et depuis, je m'interroge. Sur la bouteille, la liste des ingrédients dit ça :

- eau gazéifiée
- sucre
- colorant : E150d  c'est à dire caramel au sulfite d'ammonium (rien que le nom fait envie)
- acidifiant : acide phosphorique (à priori, c'est ça qui décape)
- arômes naturels (extraits végétaux) dont caféine

Mouah ah ah !!!

Non, mais blague à part, il y a QUOI  EN  VRAI  dans le Caca Qu'est-là ???





samedi 9 juillet 2016

Tu peux aller te brosser !


Attention, article écœurant.

Utile, mais beurk. Je vous conseille de reporter la lecture à plus tard si vous vous apprêtez à manger ou si vous venez de le faire. Voire même de ne jamais le lire si vous manquez d'expérience. A savoir, si vous n'êtes pas muni d'au moins un enfant.

Voilà, je vous aurai prévenus.

L'un des petits conflits de la vie quotidienne avec un enfant est le brossage des dents. 
Chez nous, cette activité indispensable et amusante (si, avec la brosse à dents "Souris" c'est amusant) génère immanquablement des râleries des Mini-Chouettes et des énervements du Hibou et de moi-même. Entre Grande Chouette qui veut qu'on lui prépare sa brosse à dents (à 8,5 ans on est bien capable d'étaler du dentifrice sur une brosse, non ? Et non ! ) et Petite Chouette qui attend bouche ouverte qu'un esclave veuille bien agiter la brosse à sa place, notre capital patience s'épuise rapidement. 

Convaincre les enfants d'aller dans la salle de bains ("Tu as envie d'aller chez le dentiste pour qu'il te soigne tes caries ? " Ben non, plus jamais, du coup), préparer les brosses à dents, surveiller le brossage, les empêcher d'avaler le dentifrice...  On comprend mieux pourquoi les dentistes ne recommandent plus 3 minutes de brossage trois fois par jour, mais 2 minutes deux fois par jour. C'est pour économiser les nerfs des parents.
Au passage, si quelqu'un peut m'expliquer pourquoi les dentifrices pour enfants sont systématiquement goût fraise, chewing-gum ou fruits rouges ? Alors qu'on n'arrête pas de leur dire qu'il ne faut pas les avaler, c'est mauvais pour leurs dents trop de fluor ! Si, c'est écrit sur le tube. Alors pourquoi ils ne les font pas goût brocolis les dentifrices ? Histoire de nous simplifier un peu la tâche ? Ca serait trop demander ?

Vous vivez certainement le même problème insoluble que nous. Par contre, si vos enfants courent vers la salle de bains en chantonnant, commencez à économiser, à coup sur, ils vont vouloir faire dentiste.

Mais comme la majorité de mes lectrices/teurs partage sûrement la même galère, je voudrais vous faire partager une trouvaille génialissime (oui, la Chouette est modeste) : le bonbon. Je vous entends déjà poser la question : pourquoi donner un bonbon à un enfant juste avant qu'il se brosse les dents ? Ben déjà parce que c'est mieux que de lui donner après, question de logique. Et puis parce qu'il ne s'agit pas de n'importe quel bonbon.
C'est ça :

Existe aussi en bleu !

Le bonbon dont nous avons tous vu la pub à la télé (en tout cas nos enfants, eux l'ont vue) et qui colore la langue. Donc... la salive. C'est là toute la beauté de la chose !

On a testé pour vous. Après dégustation de ce bonbon, les Minis-Chouettes se précipitent en courant dans la salle de bains pour se laver les dents. Pourquoi ? Et bien pour faire un concours ! 

De bave (j'avais prévenu, j'avais prévenu).

En vrai, c'est pire...


Une langue colorée, un peu de dentifrice pour bien émulsionner, deux crachats dans le lavabo, et la compétition commence ! La gagnante étant bien entendu celle dont la bave arrive en premier dans le trou du lavabo (cris de victoire ! ou de rage, c'est selon).

Voilà, ne me remerciez pas pour cette astuce révolutionnaire qui va changer votre vie. Surtout si vous n'avez qu'un seul enfant, et que vous êtes obligés d'endosser le rôle du deuxième concurrent...



mercredi 6 juillet 2016

On marche sur la tête

 
J'ai très mal dormi cette nuit.

"Il y avait peut-être une lune ? " me direz-vous. C'est marrant, je ne sais pas si c'est de la région, mais c'est systématiquement la faute de la Lune. Je fais mon mea culpa, c'est aussi la première explication qui me venait à la bouche avec mes patients. Mais ce n'est pas toujours vrai ; parfois c'est la faute du Soleil. Si, si, je vous assure : j'ai très récemment pris un coup de soleil dans le dos, et bien je peux vous assurer que ça empêche bien de dormir.

Mais là ça n'a rien à voir. Bon OK, il y avait une nouvelle lune il y a deux jours (oui, j'ai vérifié, c'est un blog sérieux). Le problème vient d'ailleurs. D'une image partagée sur les réseaux sociaux par une galerie d'art. Une galerie sérieuse, cotée, où le Hibou avait eu un bon accueil, sans grandes promesses non plus, mais c'était déjà un bon début.

Pour mes lecteurs/trices qui ne le savent pas (et pourtant c'est écrit là, juste à gauche), le Hibou est un artiste. Un dessinateur talentueux. Trop peut-être pour l'époque actuelle, qui veut qu'en art comme dans toute la société, la mode soit au vite fait/mal fait. On en a vu des "artistes" qui font le buzz : en peignant avec leurs propres excréments (si, si, je vous assure que ça existe), voire avec leur sperme mélangé à de la peinture. Curieusement, le Hibou n'est pas très chaud. J'ai récemment vu un "artiste" (désolée pour les guillemets, mais je n'arrive décidément pas à leur attribuer ce titre) qui peignait au skate-board, une autre qui dessinait sur des sacs d'aspirateur... 
Oui c'est original. Mais est-ce vraiment de l'Art ? Je ne vais pas partir dans une dissertation philosophique. Je pourrais, j'ai eu 18/20 au bac (OK, je me la pète, mais c'est mon blog, laissez-moi ma petite minute lissage de plumes).

Avec une trottinette peut-être ? Non ?

Promenez-vous sur les sites des galeries. Les dessins, en grande majorité, c'est du sale, du mal fait... Mais c'est en galerie. A mon avis, rien à voir avec la qualité des "oeuvres" (oui, oui, je remets des guillemets). Je pense que les galeristes sont tellement désespérés de ne rien vendre ("c'est la crise") que pour s'en sortir, ils essaient tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi.

Vous allez me dire que je ne suis pas objective. Que je vois les dessins du Hibou avec les yeux de l'amour. Pas que. Il dessine aussi des choses qui ne me plaisent pas. Sa période grosses femmes nues, par exemple, je n'ai pas bien compris... Mais j'ai des preuves de son talent : à chaque exposition collective il décroche un prix, les gens restent bouche bée devant ses oeuvres (sans guillemets). Ca veut bien dire quelque chose, non ?

On réfléchit. On est perplexes. On a même pensé s'expatrier dans un pays où l'art serait encore de l'art. L'Angleterre ? Les Etats-Unis ? Vu notre niveau d'anglais, ça risque d'être compliqué... Le Canada ? Ca me fait rêver, le Canada, depuis que ma soeur y a passé trois semaines et nous a raconté comment les gens étaient sympas. Mais il y fait froid, très froid, et la Chouette est frileuse. En même temps, les paysages sont magnifiques, et si les gens sont sympas... (Cécile, tu confirmes ? ) Le problème, c'est qu'avec le Hibou, on est phobiques de l'avion. Et pas sûr qu'on puisse y aller en bateau (et puis du coup, je pense au Titanic et je ne suis pas rassurée. C'est encore mon côté angoissée).

Qu'est-ce-que je dois lui conseiller, moi, au Hibou ? De se couler dans le moule de la médiocrité pour espérer percer ? De continuer à faire du Beau en espérant être reconnu dans 50 ans ? De se mettre au skate-board ? De dessiner sur des sacs d'aspirateur (je n'ose même pas imaginer la durée de vie du truc) ? Et zut, c'est même pas possible, on a un aspirateur sans sac.

Sur du PQ peut-être ?





















samedi 2 juillet 2016

Coup de flippe



La Chouette est de nature anxieuse. Voire angoissée. C'est de famille. Pour le moment, je suis remontée jusqu'à mon arrière-grand-père paternel. Mais ça vient sûrement de plus loin...

C'est souvent pénible, parfois handicapant, et toujours épuisant. La faute à ma grande imagination, qui s'emballe très facilement. Avec les années, j'ai appris à gérer à peu près bien. La peur est toujours là, mais je sais que ce n'est "que" de la peur. J'ai toujours beaucoup de compassion quand je rencontre quelqu'un comme moi. Je sais que ça peut sembler ridicule et que c'est pénible pour l'entourage. Mais ça n'est pas un choix, on naît comme ça. En fait, on aurait été top il y a quelques milliers d'années, quand le danger rôdait en permanence, et qu'il fallait être à l'affut de tout. On aurait fait des gardiennes de grotte du tonnerre ! On aurait sauvé toute notre tribu ! 

Aujourd'hui, c'est beaucoup moins adapté, mais ça peut encore être utile. La dernière fois que j'ai emmené Grande Chouette au cirque, par exemple. Il y avait un spectacle de fauves. Dès que j'ai vu l'affiche, le scénario s'est déroulé dans ma tête : le grillage qui se déchire, les tigres qui s'échappent et se jettent sur les spectateurs, le sang partout... J'ai donc soigneusement choisi nos places dans les gradins (on n'allait quand même pas se mettre au premier rang). Et j'ai très vite échafaudé un plan : j'ai repéré une brèche dans la toile de tente, par laquellle on pourrait s'échapper rapidement. Après, même pas besoin de courir puisque les tigres seraient occupés à dévorer les spectateurs moins prévoyants. Le spectacle s'est bien passé. Bien sur, je n'en ai pas trop profité ; je surveillais notre sortie de secours, prête à saisir Grande Chouette et à me mettre à courir. C'est fatigant, d'être anxieuse. Mais si un tigre s'était vraiment échappé, on s'en serait sorties.


Oui, bon... Je n'avais pas de photo de vrai cirque...

En général donc, j'arrive à vivre avec. Même s'il suffit d'un coup de stress, d'une période de fatigue, ou d'un évènement inattendu pour que l'angoisse reprenne le dessus. Mais ça va mieux. Je progresse.

Dernier exemple en date à cause du Hibou (oui je dis "à cause", il faut bien que ce soit la faute de quelqu'un). Mercredi, il avait un rendez-vous en ville. Il partait à 13 h, pour revenir vers 16 h 30. Pour une fois, je ne me suis pas fait de flippe à l'avance, du type accident de car ou écrasage de piéton. J'étais occupée avec les Mini-Chouettes, ce qui m'empêchait de penser à autre chose qu'à la recherche de doudou (Cochonnerie avait disparu ! je vous rassure, on l'a retrouvée) ou au remplissage de la piscine (une patageoire en plastique, mais les Mini-Chouettes sont ravies). Tout allait donc bien. Après une petite visite chez Papy et Mamy, il est 17 h 30, on prend le chemin du retour.

Quand on arrive à la maison, tout est fermé. Le Hibou n'est pas rentré. Bon, ça ne fait qu'une heure de retard. En plus ce sont les soldes, si ça se trouve il a profité de son rendez-vous pro pour aller faire le plein de jeux vidéos. Enfin, ça, c'est ce que je répond à Petite Chouette qui pleurniche "J'espère que Papa va bien..." "Mais oui Petite Chouette ! " (pourvu qu'elle n'ait pas hérité de mes gènes, pourvu qu'elle n'ait pas hérité de mes gènes).

Les minutes tournent, et dans ma tête, ça commence aussi :

Soft : et s'il m'avait quitté pour une autre qu'il serait allé rejoindre ? Si, c'est soft là, il est encore vivant. Je le savais bien, que j'étais trop pénible (oui, la culpabilité se joint souvent à l'anxiété).

Réaliste : il n'y aurait pas une grève contre la loi travail aujourd'hui ? Si ça se trouve, il est bloqué dans une manif. Pourvu qu'il ne se soit pas pris un coup de matraque ou qu'il n'ait pas fait une allergie aux gaz lacrymogènes ! (oui, ça ne reste pas réaliste très longtemps).

Glauque : plus le temps passe, et moins j'arrive à trouver de théories plausibles. J'en suis à l'infarctus foudroyant (l'hypothèse du coup de chaleur est déjà très loin) quand je me dis que je devrais peut-être appeller la police, histoire de savoir si on ne leur a pas signalé un problème. 

Bizarrement, imaginer ce que je pourrais faire me rassure : là au moins, j'ai l'impression de contrôler la situation. Je commence donc à préparer ce que je vais dire aux forces de l'ordre, et ça démarre :
"Allo, la police, c'est la Chouette à plume. Excusez-moi de vous déranger, mais mon mari a disparu."
"Et depuis combien de jours, madame ? "
"Euh, non, en fait il est parti à 13 h. Il devait rentrer à 16 h 30 et là il est 18 h, quand même."

Léger blanc. Le policier cherche quoi me dire.
"Il a des problèmes de santé votre mari ? "
"Euh, non. En fait il est parti tout à l'heure en bus et..."
"En bus ? "
"Oui, il ne conduit pas."
"Et vous avez essayé de le joindre sur son portable ? "
"En fait, il n'a pas de portable."

Et là, mon esprit disjoncte totalement. J'imagine le branle-bas de combat au commissariat.

"Roger, fais déclencher le plan d'urgence, on nous signale un individu dangereux ! "
"Dangereux comment ? Style terroriste ? "
"Non, pire : un homme qui ne conduit pas et qui n'a pas de portable ! "
"Appelle le RAID Norbert, ça nous dépasse là ! "

Je renonce donc à appeler le commissariat, je ne vais quand même pas risquer d'envoyer le Hibou en prison !

J'envisage d'appeler les hôpitaux de la région (pour les morgues, on verra plus tard) tout en préparant le repas, quand la clé tourne dans la serrure.

Je me précipite au devant du Hibou et aboie : "Ah, ben quand même ! J'hésitais entre appeler la police ou les hôpitaux là ! " (et après je m'étonne qu'il traine avant de rentrer).

"Et tu as appelé qui ? " me demande-t-il tranquillement.

"Ben, personne. En fait, j'ai commencé à en faire un article pour mon blog dans ma tête."

"Bien, tu progresses..."

Qu'est-ce-que je vous disais...