vendredi 4 août 2017

Démarque inconnue


Quand j'étais étudiante, j'ai passé deux étés à travailler comme caissière (maintenant on dit hôtesse de caisse, c'est plus classe. Toujours aussi mal payé, mais plus classe). On avait eu droit à une courte formation, pendant laquelle j'avais découvert un terme barbare : " la démarque inconnue ".

Vous connaissez ?

La démarque inconnue, c'est le terme utilisé pour désigner la différence entre le stock de produits théoriquement en rayons, et ce qui est vraiment comptabilisé pendant les inventaires. En gros, ce sont des produits qui ne sont pas vendus, mais qui disparaissent mystérieusement du magasin. 

Enfin, mystérieusement... On a quand même une idée de ce qu'il se passe (contrairement au sort des chaussettes orphelines pour qui le mystère reste entier). Une grosse partie de ce manque à gagner vient du vol : que ce soit par le personnel (j'ai connu un vigile de nuit qui se vantait de faire sortir du matériel) ou par les clients.

J'avais été étonnée que le personnel se serve dans les rayons (leur salaire mirobolant ne leur suffisait donc pas ? ). Un peu moins concernant la clientèle. Entre les nécessiteux, les frimeurs et les kleptomanes, cela se tenait.

Mais aujourd'hui, je viens de découvrir une nouvelle cause à ce fléau : le vol par inadvertance, aussi appelé syndrome de la chouette tête en l'air (je tiens tout de suite à préciser que ça n'a rien à voir avec moi).

Prenons l'exemple d'une jeune femme qui va faire ses courses. Elle remplit son caddie, tente de rationaliser le tout en mettant les fruits et les chips à l'écart des boites plus lourdes qui pourraient les abimer. Et tiens, ce pack de Coca, il serait bien dans le petit siège enfant du chariot ; même pas besoin de se baisser pour le poser dans le caddie, c'est que c'est lourd, ces cannettes. Et de continuer ses courses tranquillement... 

Tout se passe bien : les courses sont terminées en un temps record (c'est le mois d'août, tout le monde est parti), il n'y a presque personne à la caisse, la caissière est souriante, et la note pas trop salée. C'est parti direction le parking.

Arrivée à la voiture, notre héroïne range soigneusement les courses dans le coffre avant de ramener le chariot. Elle récupère son sac à main posé dans le siège enfant du caddie, et là, c'est le drame. 

Vous vous souvenez ? Le pack de Coca ? 

Et bien il est toujours là.

Image d'illustration

Fébrile, la jeune femme se précipite sur son ticket de caisse. Le Coca n'y figure pas. Alors, c'est du vol ? La cliente avait complètement oublié la présence de l'article, l'hôtesse de caisse n'a rien vu, et le vigile qui discutait deux caisses plus loin n'a pas levé un sourcil.

Vous feriez quoi, vous ? Parce qu'il n'y a pas trente-six options mais deux :

  • la méthode judéo-chrétienne, qui te fait culpabiliser direct ( " voler, c'est mal " ) avec petit angelot qui te murmure à l'oreille de retourner dans le magasin signaler que tu n'as pas payé l'article ;

  • et la méthode délinquante, qui consiste à enfourner l'objet du délit dans le coffre de la voiture en te retournant dix fois pour voir si la police n'arrive pas.

Personnellement, mon éducation m'aurait certainement poussé à rendre l'article non payé (mais je rappelle qu'on ne parle pas de moi). En même temps, on ne doit pas avoir l'air benêt, de revenir dans le magasin, la mine honteuse, pour confesser qu'on a diminué le chiffre d'affaires de cinq euros.

La morale de l'histoire ?  Voler par omission, c'est possible. Mais c'est mal. 

Trrrrès mal.




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