mercredi 28 septembre 2016

Poètes pouët


Ce week-end, on est allés à un festival de poésie.

J'aime beaucoup la poésie. De mes souvenirs de Robert Desnos en primaire, à mes découvertes adolescentes de Baudelaire et de Boris Vian, je me suis toujours plongée avec délectation dans cet univers fait d'images, de sensations, de beauté.

J'ai écrit de la poésie. Enfant, à l'école. Adolescente, pour essayer d'exprimer mes mal-être. Jeune femme comme des bouteilles à la mer vers des marins cyniques. J'en écris encore parfois. Je passe des heures à ciseler un texte, à compter le nombre de pieds, à vérifier les rimes pour tenter d'atteindre la perfection.

Et bien je vais vous dire : je suis complètement out. Dépassée. Vieillotte. Parce que si j'en crois ce que j'ai entendu ce week-end, la poésie, ce n'est plus ça du tout !

Il n'y a plus de pieds ni de rimes. La maladie qui touche l'art en général a aussi atteint celui-ci. Je vous avais déjà parlé de mon incompréhension devant l'évolution la décadence de la peinture et du dessin (). Je me suis rendue compte avec stupéfaction que c'est pareil pour la poésie.

Les poètes lisaient leurs " oeuvres " (désolée, je n'y arrive pas). C'était soporifique, incongru, parfois cru. Mais était-ce encore de la poésie ?

" La verge orange qui se balance au-dessus des fraisiers " moi j'ai du mal. D'abord qui possède un pénis orange ? C'est vrai quoi ! Peut-être un peintre qui a disjoncté à force de faire du n'importe quoi et qui a été pris d'une frénésie de barbouillage ? J'avais du mal à suivre. J'essayais de comprendre. A un moment, ça a été le drame : j'ai été prise d'un fou rire incoercible. Impossible de m'arrêter. J'ai du m'éloigner pour permettre aux auditeurs de continuer à profiter du talent du poète (et au Hibou de garder son sérieux).

Et beurk ! 

Je suis suis revenue de ce festival la tête tourneboulée. Paumée. Quand j'écris, j'essaie de créer quelque chose de pur. Qui touche l'âme des autres. J'essaie de transmettre des émotions. Pas de balancer sur le papier des mots sans queue ni tête.

Ce week-end, je n'ai pas compris. Ca ne m'a pas touchée. Ca m'a déstabilisée. Ca m'a fragilisée.

Le Hibou me dit que c'est l'occasion de me remettre en question, de me renouveler. Mais est-ce que j'ai envie de suivre un mouvement qui me semble aller vers l'abêtissement ???

Je ne suis pas meilleure que ces poètes. Forcément non. Sinon, c'est moi qui aurais mon nom sur les affiches. Pas eux. D'ailleurs, il y avait un concours de poésie. Evidemment, je n'ai pas gagné. Pourtant il était beau mon texte. Plein d'images et d'émotions.

Je ne comprend rien. Dans le passé, j'avais écrit un texte pour expliquer ce que c'est pour moi, écrire de la poésie :

Ciseler le mot.
Juste.
Exprimer la pensée.
Pure.
Oser se dévoiler,
Toucher l’autre en pleine âme,
Et d’un coup de crayon
Faire jaillir une flamme.
Partager son humanité,
Ses trajectoires et ses pensées.
Libérer les passions,
Le grandiose et l’infâme,
D’un trait sur le papier,
Exorciser ses drames.
Ciseler l’idée.
Juste.
Définir le mot.
Pur.

Voilà. C'est de la poésie de vieille, mais aujourd'hui, je ne vois pas écrire autrement. Si ça n'est plus à la mode, à quoi bon faire des poèmes ? Parce qu'il ne faut pas se mentir. Si j'écris, ce n'est pas seulement pour m'exprimer, pour me libérer. C'est pour toucher, pour interpeller, pour transmettre, pour rejoindre l'autre dans notre humanité partagée.

Aujourd'hui, je suis incapable d'écrire quoi que ce soit. Aujourd'hui, je pense encore une fois que je ne suis pas née à la bonne époque.

Has been la vieille chouette !


2 commentaires:

  1. T'es bien loin d'être "has been"!! Moi je trouve ton texte merveilleux et pure!
    Ne te dévalorise pas, et continue à nous enchanter et nous faire rire avec ton blog.

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    1. Nan, mais je vais continuer ! Je ne suis pas obligée d'être à la mode (surtout celle là ! ). Mais l'immersion
      était dure !

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